À l'époque, la diplomatie soviétique proclamait : "Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à vous est négociable." Les Chinois semblent s'en inspirer. La formule "Un pays, deux systèmes" - pensée sans doute davantage par rapport à Taïwan qu'à Hong Kong - a vécu. Pour laisser la place à "un système, deux nations" ? L'Histoire le dira. Il n'est pas sûr que la Chine gagne au change.
Isolement agressif
De fait, la stratégie chinoise peut se révéler dangereuse, non seulement pour l'équilibre du monde, mais pour la Chine elle-même. Dans son livre Paix et Guerre entre les nations publié en 1962, Raymond Aron résumait la guerre froide par la formule : "Paix impossible, guerre improbable". La paix était impossible entre les idéologies radicalement différentes des États-Unis et de l'URSS. Mais l'équilibre de la terreur rendait la guerre improbable. La formule de Raymond Aron s'applique-t-elle aujourd'hui à la confrontation entre les États-Unis et la Chine ? La paix serait-elle davantage possible (entre deux économies capitalistes) et la guerre moins improbable entre deux puissances qui doutent d'elles-mêmes ?
Il existe certes des différences notables entre la guerre froide d'hier et la nouvelle guerre froide d'aujourd'hui. Pour aller à l'essentiel, l'Amérique n'est plus l'Amérique et la Chine est plus que l'URSS, dans un monde qui est beaucoup plus interdépendant mais pour qui la menace nucléaire est devenue plus abstraite.
Oublions un moment le souci de l'équilibre du système international. La Chine fait-elle le bon choix pour elle, en sacrifiant délibérément son soft power sur l'autel de ses ambitions nationales de puissance ? Le moment peut sembler curieux. Pourquoi cet isolement agressif, alors que l'Amérique est peut-être à la veille de retrouver une partie de son soft power et de la confiance de ses alliés, avec l'élection d'un président "plus classique" ?
Cheminement nationaliste
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