Une autre confusion apparaît particulièrement préjudiciable : les investissements en faveur de la durabilité ne représenteront jamais qu’une part minoritaire du financement de nos économies. L’application de la taxonomie en donne une bonne illustration. En première approximation, elle recouvre de l’ordre de 5 % des financements octroyés par les institutions financières européennes. Ce chiffre doit être analysé au regard des besoins d’investissements directement liés à la transition climatique, qui représentent de l’ordre de 10 % de l’investissement total. Ces investissements doivent croître, mais ne sauraient évincer les autres financements indispensables. La priorité ne doit pas aller à concentrer tous les investissements sur un secteur vert, au risque d’encourager le greenwashing et la constitution d’une gigantesque bulle spéculative ; il convient au contraire de privilégier la décarbonation de l’ensemble de l’économie, y compris des secteurs ayant à accomplir les changements les plus importants.
L’industrie de défense a vocation à s’inscrire dans l’indispensable évolution des normes en matière de gouvernance, de lutte contre la corruption, de parité et de transition climatique ; elle ne saurait être exclue par principe de ces mécanismes pour des raisons non pas économiques et juridiques mais idéologiques. Il revient aux législateurs, aux autorités de régulation comme aux instances de gouvernance des acteurs de la finance - investisseurs, banques et assurances, fonds d’investissement - de ne pas céder à des pressions relevant d’une logique militante et de faire prévaloir une stratégie cohérente permettant de faire émerger un nouveau modèle économique pour les entreprises, conciliant la durabilité, la compétitivité et la sécurité.
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