L’ombre de la Françafrique
Là aussi, une séquence d’évènements récents apporte des éléments de réponse. Ainsi, le sommet de Nouakchott, en février 2021, avait été conçu comme un rendez-vous de suivi du sommet de Pau, tenu en janvier 2020, qui avait été marqué par un renforcement de 600 hommes de l’opération Barkhane, c’est-à-dire de l’intervention militaire française au Mali (5 000 militaires).
Il était attendu qu’à l’occasion du sommet de Nouakchott, le Président annoncerait un retrait de ces 600 éléments de renfort. On pouvait aussi penser que M. Macron ferait état d’une intention de révision de notre posture au Sahel, dont il est généralement admis qu’elle ne pourra pas se prolonger à son niveau et sous sa forme actuels. En fait, il n’en a rien été, confirmant qu’à côté d’un Macron ambitieux et novateur vis-à-vis de l’Afrique globale, existe aussi un Macron plus classique, prudent et réaliste, dans la relation avec l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale - celui de la "seconde politique africaine".
Sur ce plan, on avait pu observer que le président de la République avait dû finalement accepter la décision de M. Ouattara de se représenter à la tête de la Côte d’Ivoire, après qu’il se fût engagé à se retirer de la vie politique. Il est vraisemblable que la France ne pourra s’opposer aux successions dynastiques apparemment inévitables au Cameroun ou au Congo Brazzaville.
Mais les déboires sont venus du cœur même de notre stratégie au Sahel. D’abord avec la mort dans des conditions très suspectes du Président Idriss Déby du Tchad, le 19 avril 2021. M. Macron a été le seul chef d’État occidental à assister aux obsèques de cet allié historique de la France. Attitude courageuse, mais qui illustre bien les dilemmes de la présence française dans la région : nous avons absolument besoin de l’armée tchadienne pour le succès de Barkhane. Il nous est donc très difficile de marquer un désaccord trop net - M. Macron l’a fait mais après avoir paru montrer dans un premier temps qu’il s’en accommodait - à la succession purement dynastique qui a été amorcée au Tchad.
Deuxième déboire : le coup d’état dans le coup d’état au Mali, les 24-25 mai, conduisant à la prise du pouvoir encore plus directe (accession à la présidence) du colonel Assimi Goïta, lequel avait évincé il y a quelques mois le Président Ibrahim Boubacar Keïta.
M. Macron a menacé de retirer nos troupes de l’opération Barkhane si la transition malienne n’était pas remise sur les rails.
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