Par exemple, ils n’ont pas sélectionné les EAU parce qu’ils ont beaucoup de cas, mais parce qu’il y a là-bas une main-d'œuvre originaire de 125 pays, ce qui fait que si une campagne de vaccination y est conduite avec succès, elle pourra toucher le monde entier. Cependant, quand SinoVac a choisi le Brésil comme partenaire pour les essais cliniques de phase 3, elle n’a pas réalisé qu’elle pourrait devenir la victime de tensions politiques internes. On dit que les récentes controverses autour du vaccin chinois dans le pays sont très liées à des considérations de politique intérieure, davantage qu’à des considérations sanitaires.
Selon les fabricants chinois, plus de 60 000 personnes ont déjà reçu le vaccin au cours des essais cliniques et aucune réaction adverse nette n’a été observée. Cependant, plusieurs pays occidentaux ont dit qu’ils n’utiliseraient pas les vaccins chinois ou russes. Les Chinois et les Russes ont promis le vaccin à des pays à revenus faibles et intermédiaires. Cela pourrait mener à une fracture mondiale dans l’utilisation des vaccins. C’est dans ce contexte que la décision de rejoindre Covax est intelligente. Elle permet de promouvoir l’utilisation de vaccins chinois à travers le monde, y compris dans les pays de l’OCDE. Une pré-approbation par l’OMS de vaccins chinois pourrait par exemple justifier leur utilisation dans le monde entier.
Cependant, la méfiance devrait rester de mise, même avec l’administration Biden. Tout d’abord, la Chine traîne un lourd passif de scandales liés à la sécurité et la qualité de ses vaccins. Deuxièmement, comme le montre la vaccination d’un grand nombre de gens avant la fin de la phase 3 des essais cliniques, elle n’a pas suivi de manière stricte les protocoles standards obligatoires.
La Chine dit qu’elle aura une capacité de production d’un milliard de doses d’ici à fin 2021. Selon le président Xi Jinping, le vaccin chinois sera un "bien public mondial". Ceci veut dire qu’elle partagera ses vaccins avec les pays les plus pauvres, qui ne sont pas en mesure de produire ces vaccins, mais aussi qu’elle pourrait partager la technologie de production du vaccin avec des pays qui ont une capacité de production comme le Brésil et l’Indonésie, et même certains pays de l’OCDE. C’est une approche réaliste dans la perspective d’élargir les capacités de production.
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