Gilles Babinet
Ces résultats sont en amélioration par rapport à l’analyse que j’avais effectuée en 2015 sur le même sujet dans laquelle 13 experts avaient été identifiés, avec une méthodologie toutefois différente. On observe une multiplication par un peu moins de trois du nombre d’experts. Cela s’explique principalement par un fort renouvellement des parlementaires et une arrivée très significative de profils issus de la société civile et notamment de personnalités qui ont un parcours professionnel dans le numérique. Ils n’en restent pas moins insatisfaisants tant l'accélération du monde induite par la révolution numérique nécessite d’avoir une meilleure compréhension de ces enjeux. En effet, presque toutes les politiques publiques ont désormais un lien plus ou moins direct avec le numérique. Or, sans une compréhension fine de la nature du monde qui vient, il est très difficile de dégager une doctrine d’ensemble, propre à soutenir la vision d’un gouvernement et, au-delà, accompagner la dynamique d’une nation.
Selon vous, y a-t-il suffisamment de députés experts sur les sujets numériques ? Faut-il espérer que plus de députés aient un bagage numérique ?
Gilles Babinet
Cela fait maintenant sept ans que je suis en interaction avec les pouvoirs publics pour aider ceux-ci à mieux appréhender ces sujets. Je me souviens combien j’ai été au début frappé par le manque d’expertise évident sur ces enjeux, à tous niveaux du corps politique et de l’administration. Il me semble que c’est là une des explications du retard pris par notre pays. Faut-il rappeler que dans les travaux effectués par l’Union européenne sur la digitalisation des nations (DESI - Digital Economic and Social Index), la France pointe à la 18ème place sur 27 ? Si la situation s’est sensiblement améliorée dans l’exécutif, elle reste préoccupante au niveau de la haute administration. Quant aux chambres parlementaires, on ne peut pas se réjouir, à un moment unique de l’accélération de la révolution digitale, d’un score aussi faible. La professionnalisation de la vie politique est probablement en partie responsable, en empêchant les parlementaires de se confronter concrètement aux thèmes de la transformation digitale.
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