C'est cette impunité du vainqueur qui motive sans doute Poutine désormais. Il ne peut pas perdre la guerre, car il perdrait le pouvoir et se retrouverait devant un tribunal. Il lui faudra maquiller la réalité jusqu'au bout.
Peut-on négocier avec celui qu'on qualifie de "boucher" ?
Le dilemme de Poutine est, à front renversé, celui de ses opposants, de Kyiv à Washington, en passant par les pays membres de l'Union européenne (à l'exception peut-être de la Hongrie de Victor Orbán, qui vient d'être réélu triomphalement en dépit de ses liaisons dangereuses avec Poutine). Depuis le début de la guerre en Ukraine, Joe Biden s'est progressivement glissé dans les habits de Ronald Reagan.
Face à une version réactualisée de "L'empire du Mal", il est devenu le chantre de la liberté. Il appelle un chat "un chat", c'est-à-dire, Poutine un "boucher". Un choix de mots - que confirment les images venues d'Ukraine - éthiquement approprié sans doute, mais politiquement difficile. Comment négocier avec un homme dont on a dénoncé la nature profonde ? La stratégie adoptée par Biden, visant de facto au changement de régime à Moscou, suppose, pour être cohérente, un engagement d'une tout autre nature auprès de l'Ukraine. On ne peut tout à la fois vouloir mener Poutine devant un tribunal international et se contenter de livrer des armes au compte-gouttes à Kyiv.
La Chine est embarrassée depuis les crimes de Boutcha
Ce n'est plus la non-défaite de l'Ukraine qui est poursuivie, c'est la défaite de la Russie : condition nécessaire et peut-être suffisante au départ de Poutine. Le dilemme occidental a pour contrepartie celui des alliés de Poutine, à commencer par la Chine et, à un moindre degré, l'Inde.
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