Ravis de leur rapprochement avec Abu Dhabi, les dirigeants israéliens actuels soulignent la continuité historique qui existe à leurs yeux entre le traité de paix avec l'Égypte de 1979, celui de 1994 avec la Jordanie et le processus de normalisation en cours avec les Émirats arabes unis. Comment, disent-ils, peut se justifier encore l'existence du BDS (le mouvement qui pousse au boycott des produits israéliens), quand du cœur du monde arabe viennent des appels à la paix ?
Certes, les Émiratis peuvent mettre en avant qu'en contrepartie de leur rapprochement avec Israël, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a "suspendu" son projet d'annexion de 30 % de la Cisjordanie. "Nous avons préservé l'avenir en sauvegardant le principe de la solution des deux États", affirme le ministre des Affaires étrangères d'Abu Dhabi, le cheikh Abdallah Ben Zayed. Le royaume du Bahreïn et le sultanat d'Oman ne s'apprêtent-ils pas à suivre la direction initiée par les Émirats arabes unis ? Il est trop tôt pour l'affirmer, mais il existe déjà plus qu'un simple climat de détente entre ces pays et Israël. Dans la saison 5 de la série Le Bureau des légendes, un agent de la DGSE rencontre en plein désert d'Arabie un agent israélien et un agent saoudien travaillant de concert contre les ambitions nucléaires de l'Iran. La fiction ici ne précède pas la réalité, elle l'accompagne.
Le retrait de l'Amérique
De fait l'accord "historique" entre les Émiratis et Israël, traduit tout autant un phénomène de rupture que de continuité avec le passé. Quand le président Sadate d'Égypte, ou le roi Hussein de Jordanie signaient des traités de paix séparés avec Israël, ils voulaient consolider l'alliance qui existait entre leurs pays respectifs et l'Amérique. En 2020, le choix fait par les Émiratis traduit un état des lieux bien plus complexe. Il est le produit de la peur grandissante devant la montée des ambitions expansionnistes de l'Iran et, c'est plus nouveau, de la Turquie. Mais si Téhéran et Ankara peuvent pousser de facto les Émiratis dans les bras de Jérusalem, c'est parce que les dirigeants d'Abu Dhabi n'ont plus une confiance totale dans les États-Unis : et cela depuis plus de dix ans. Le doute a commencé sous la présidence Obama.
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