L’administration Biden est consciente du problème et une commission examine les différentes réformes possibles. Certaines relèvent d’amendements à la Constitution (remplacer le mandat à vie des juges fédéraux par un mandat de 18 ans) qui requièrent des majorités qualifiées et sont donc impossibles, mais deux d’entre elles permettraient de limiter le pouvoir de la Cour suprême et son instrumentalisation par les Républicains. Il s’agirait d’exiger une majorité qualifiée (sept voix sur neuf par exemple) pour invalider un texte et de limiter la grande latitude dont la Cour jouit pour choisir ses affaires par le biais du writ of certiorari. Ce mécanisme accepté par le Congrès dans une loi de 1925 lui permet de choisir son agenda et permet aux Républicains de faire remonter certaines affaires dans lesquelles ils souhaitent obtenir une invalidation (d’un décret de la nouvelle administration) ou la validation d’une nouvelle restriction (au droit de vote ou au droit à l’avortement). Le Congrès peut revenir sur sa loi de 1925 par une autre loi, mais cela nécessiterait sans doute d’en finir avec l’obstruction (filibuster) au Sénat.
Il y a urgence et réformer le pouvoir judiciaire fédéral doit être une priorité pour la gauche. En effet, si les juridictions fédérales, qui comptent désormais plus de 200 juges nommés par Donald Trump et un tiers des juges d’appel (circuit judges), continuent de valider les atteintes au droit de vote menées par les États républicains, il ne sera peut-être plus jamais possible pour les Démocrates d’être majoritaires au Congrès ou même de gagner une élection présidentielle.
Les Républicains, conscients que la démographie joue contre eux, ont depuis longtemps pour priorité la nomination de juges conservateurs favorables afin de faire passer par la voie judiciaire les évolutions qu’ils ne pouvaient obtenir du Congrès. La bonne nouvelle est que l’administration Biden et les Démocrates sont enfin conscients de l’enjeu et de l’urgence.
Copyright : Patrick Semansky / POOL / AFP
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