Que ceux-ci imposent la charia chez eux, c'est une chose, qu'ils se reprennent à promouvoir l'expansion du fondamentalisme radical en lien avec Al Qaida en est une autre. Avec un parfait cynisme, les Chinois négocient directement depuis plusieurs mois déjà avec les nouveaux (anciens maîtres du pays). "Vous faites tout ce que vous voulez chez vous, mais vous n'encouragez pas les Ouïgours en Chine, et plus globalement les fondamentalistes musulmans dans le monde. En exposant la faiblesse et l'indécision de l'Amérique, vous m'êtes utiles. Mais déstabiliser les États-Unis ne doit pas signifier étendre le chaos dans le monde."
Le transfert de pouvoir à Kaboul qui se négocie en ce moment à Doha n'est pas seulement un tournant dans l'histoire de l'Afghanistan. Il constitue le plus grave revers occidental depuis peut-être la crise de Suez en 1956. Il intervient alors que l'on s'apprête à commémorer le vingtième anniversaire du 11-Septembre et juste dix ans après le surgissement des printemps arabes.
Si en 1975 après la chute de Saigon, ni l'URSS de Brejnev, ni la Chine de Mao ne pouvaient exploiter pleinement l'humiliation américaine, tel n'est pas le cas aujourd'hui de la Chine de Xi Jinping. Il sera facile à Pékin d'avancer ses cartes, de souligner les contradictions des États-Unis. "Vous abandonnez les femmes afghanes à leur sort aujourd'hui, et vous prétendez défendre Taïwan demain ?"
Avec un discours aux talibans du type "La charia oui, Al Qaida non", la Chine ne se présente-t-elle pas déjà comme notre première ligne de défense face aux terrorismes musulmans, nous tenant potentiellement en otages, comme le fait Erdogan en Turquie, sur la question des migrants ?
Avec l'aimable autorisation des Échos (publié le 15/08/2021)
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