Des consignes sont données, via les réseaux sociaux, pour encourager les familles à se rassembler. Les femmes sont très nombreuses dans les rues. L’une d’entre elles, Alaa Salah, sera d’ailleurs un symbole de cette contestation populaire. La vidéo de cette étudiante, vêtue d’un habit traditionnel blanc, juchée sur une voiture, scandant des chants révolutionnaires repris par la foule, est devenue virale et a fait le tour du monde. Alaa Salah a déclaré sur Twitter qu’elle refusait ce Conseil de transition militaire et a appelé à une transition civile. La diaspora soudanaise, présente aux Etats-Unis et en Europe, notamment à Londres, a également été un soutien de poids. Outre son devoir d’alerte dans les médias et les chancelleries occidentales sur la répression au Soudan, elle a organisé depuis l’extérieur une résistance à la junte militaire. L’une des porte-parole du mouvement de l’association des professionnels soudanais de la diaspora est une ingénieure, basée à Londres.
Omar el-Béchir est un militaire qui a régné 30 ans à la tête du Soudan. Quel était la nature de son régime ?
Omar el-Béchir est arrivé au pouvoir le 30 juin 1989 après un coup d'État militaire fomenté avec les islamistes qui ont régné à ses côtés. Son mentor, le très dogmatique Hassan el-Tourabi, deviendra par la suite un opposant et un ennemi politique. Il y a quelques années, Omar el-Béchir semblait s’être éloigné des islamistes, sous pression des Etats-Unis, qui avaient en retour accepté de lever certaines sanctions touchant le régime. Omar el-Béchir a régné d’une main de fer sur son pays pendant 30 ans. Les opposants politiques ont été systématiquement éliminés, les islamistes préparant attentats et projets de déstabilisation avaient droit de cité à Khartoum. Oussama Ben Laden y a vécu pendant plusieurs années avant d’être chassé vers l’Afghanistan. Omar el-Béchir est également à l’origine de la guerre au Darfour, qui a fait des centaines de milliers de morts, des civils en très grande majorité. La Cour pénale internationale (CPI) a lancé contre Béchir un mandat d’arrêt international en 2009 et en 2010, jamais exécuté à ce jour. Pire, Omar el-Béchir n’a jamais été inquiété, y compris pendant ses très nombreux déplacements à l’étranger. La juridiction l’accuse de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Le nouveau conseil militaire au pouvoir à Khartoum a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne remettrait pas Béchir à la CPI.
Depuis plusieurs années, un vent de contestation de la jeunesse africaine balaie les régimes totalitaires, corrompus et vieillissants. Après Yahya Jammeh en Gambie, Blaise Compaoré au Burkina Faso, Robert Mugabe au Zimbabwe, Joseph Kabila en République démocratique du Congo, Abdelaziz Bouteflika en Algérie, Omar el-Béchir au Soudan, à qui le tour désormais en Afrique ?
Copyright : AHMED MUSTAFA / AFP
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