Rappelons qu’une conférence à Paris sur la Libye a été l’un des premiers gestes en politique étrangère du quinquennat actuel. Depuis lors, les autorités françaises au plus haut niveau ont toujours gardé le contact avec le gradé libyen, même lorsqu’en avril 2019 il entamait l’offensive contre Tripoli. Avec quel objectif ? Soit pour obtenir du seigneur de la guerre de Cyrénaïque qu’il respecte les demandes de la communauté internationale (celles récemment posées par la conférence de Berlin, en janvier, par exemple), soit plus cyniquement (selon les critiques de la position française) pour "jouer" un candidat au pouvoir qui paraissait avoir le double mérite de disposer d’une force crédible et de suivre une orientation "laïque".
Les porte-paroles français n’ont évidemment pas tort de relever que la paix ne pourra être établie sans tenir compte de l’un des acteurs importants du conflit, dont les forces aujourd’hui encore, après leur défaite devant Tripoli, contrôlent les deux-tiers du pays (mais ni la capitale ni les champs pétroliers).
Quoi qu’il en soit, la politique française s’est heurtée au fil des ans à toute une série d’obstacles : les divisions internes aux Libyens bien sûr ; le caractère de Khalifa Haftar, que les diplomates qui l’ont connu décrivent comme un soudard "éradicateur"; la jalousie de nos partenaires européens, dont l’Italie, principale puissance intéressée en Libye, qui percevaient les initiatives de la France comme relevant d’une attitude de "cavalier seul" ; enfin, dans la dernière ligne droite, l’attitude de la Russie d’une part et de la Turquie d’autre part.
La concurrence – connivence de la Russie et de la Turquie
La Russie est entrée relativement tard dans le dossier libyen. Elle a procédé avec prudence, de manière graduelle comme cela avait été le cas en Syrie (et comme c’est le cas ailleurs), nouant d’abord des contacts politiques avec Haftar, puis lui envoyant des mercenaires (russes) de la compagnie Wagner et du matériel militaire de pointe, mais sans jamais rompre avec le gouvernement de Tripoli, et en s’abritant à chaque étape derrière un soutien au cessez-le feu et à un processus politique.
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