Par exemple, la restructuration de la politique énergétique européenne actuellement envisagée, sous le coup de l’émotion, sera-t-elle encore tenable s’il y a arrêt des combats et un accord de paix quelconque ?
La clef se trouve-t-elle à Pékin ?
La question se pose, pour beaucoup d’observateurs, du degré d’alignement entre Moscou et Pékin. Cette discussion vient d’être relancée avec l’information selon laquelle les Russes ont demandé aux Chinois une assistance militaire, ce qui, au passage, souligne le manque de préparation de leur attaque sur l’Ukraine.
Devant le risque que Vladimir Poutine, exaspéré des obstacles qu’il rencontre, perde toute mesure, certains imaginent que seul Xi Jinping pourrait l’inciter à la modération. Inquiet du risque de déstabilisation de l’économie mondiale, le dirigeant chinois pourrait assurer une médiation entre l’Ukraine et la Russie. C’est en fait peu probable, d’abord parce que la Chine, malgré certaines ambiguïtés de posture, est clairement du côté de la Russie. Ensuite parce que la diplomatie chinoise n’est pas équipée pour un rôle de médiation.
Ce qui paraît plus vraisemblable, c’est que la Chine risque de se trouver face à un dilemme stratégique. Ou bien elle va jusqu’au bout de son soutien à Moscou, refuse notamment de se conformer aux sanctions américaines à l’égard de la Russie, et elle s’expose à des contre-mesures de la part de Washington qui de fil en aiguille précipiteraient ce "découplage économique" avec l’Ouest qui n’est pas dans son intérêt pour l’instant. Ou bien, tout en continuant de soutenir la Russie politiquement, voire économiquement, elle évite d’aller trop loin dans ce sens, de manière à préserver une mondialisation certes dominée par les Occidentaux mais dont elle a besoin pour poursuivre son développement économique.
On peut imaginer que c’est autour de ces points essentiels qu’a tourné la conversation à Rome le 14 février entre Jake Sullivan, le conseiller spécial à la sécurité de Joe Biden, et son homologue chinois Yang Jiechi. C’est peut-être la Chine qui détient la clef non pas du dénouement de la guerre en Ukraine mais de la capacité de Vladimir Poutine à continuer à nuire une fois une sortie de crise trouvée - bien que pour l’instant un tel scénario semble improbable.
Copyright : Dimitar DILKOFF / AFP
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