Israël délibérément ambigu
Au Moyen-Orient, la situation est différente, car c'est une région où la Russie - protectrice des lieux saints orthodoxes - joue un rôle depuis des siècles. La prudence à l'égard de Moscou a un côté moins émotionnel - même si la situation humanitaire tragique au Yémen, largement ignorée par le monde occidental - évoque là encore le deux poids, deux mesures.
Au-delà de la Syrie de Bachar Al Assad, nombreux sont les pays de la région qui "jouent" avec la Russie ou qui comptent simplement sur ses armements, ou son soutien diplomatique, pour équilibrer ou compenser le retrait progressif de l'Amérique. La position d'Israël semble délibérément ambiguë.
En Asie, au-delà des deux géants que sont la Chine et l'Inde, et qui soutiennent chacun à leur manière Moscou, ne pas condamner clairement la Russie, c'est réaffirmer ses distances avec l'Amérique et le monde occidental dans son ensemble. Le Japon, l'Occident asiatique, est presque un cas à part (au-delà de l'Australie et la Nouvelle-Zélande) dans son soutien sans faille à l'Ukraine.
Droits de l'homme
La Russie, contrairement à l'URSS, ne peut prétendre qu'elle est porteuse du rêve d'un monde meilleur. Qu'importe : les régimes autoritaires qu'ils soient africains ou latino-américains, moyen-orientaux ou asiatiques savent que Moscou ne leur fera aucun reproche en matière de droits de l'homme. Et l'Amérique, de l'Irak à l'Afghanistan, n'a-t-elle pas fait la preuve que l'on pouvait commettre des crimes innombrables au nom de la démocratie ?
Le paradoxe de ce divorce émotionnel du monde, est que ce sont les pays qui vont le plus souffrir, tout particulièrement sur le plan alimentaire, qui font preuve du plus de compréhension à l'égard de Moscou. Un défi majeur, comme le réchauffement climatique, devrait nous rapprocher tous. Mais sur le plan des émotions, il y a plus que jamais, "nous et eux", "eux et nous".
Publié avec l'aimable autorisation du journal Les Echos, le 15/05/2022.
Copyright : Yasuyoshi CHIBA / AFP
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