Le peuple syrien n'attend plus rien de la communauté internationale. Il a fait le deuil de tout espoir venu de l'extérieur. Son sentiment d'abandon est total. La seule question qu'il se pose encore est celle du pourquoi. Pourquoi un tel manque d'empathie et d'intérêt à ses souffrances, à l'heure de la révolution de l'information ? Personne ne pouvait prétendre ignorer ce qui se passait en Syrie.
La réponse à la question tient en trois mots : ignorance, préjugé et, plus encore sans doute, peur. Complètement à l'ombre d'un régime qui réduisait toute forme d'opposition et de sécession, à coups d'armes chimiques et d'attentats ciblés, la société civile syrienne était devenue "invisible" et ce depuis si longtemps, au moins depuis la prise du pouvoir par la famille Assad en 1970. Il existait d'un côté un régime exceptionnellement brutal, et de l'autre un peuple, un peu mystérieux et secret, que l'on choisissait de ne pas distinguer de son régime, pour ne pas se retrouver devant des dilemmes compliqués.
La seule composante de ce peuple que l'on retenait, c'était bien sûr son élément le plus familier, les chrétiens d'Orient. Un choix compréhensible, mais éthiquement, et plus encore politiquement, contestable, s'il conduisait à fermer les yeux sur l'utilisation de l'arme chimique par le régime contre ses citoyens. Comme si tous les morts n'étaient pas égaux. Enfin, et surtout, il y avait la peur de Daech et de tous les islamistes.
L'échec de Barack Obama
L'absence d'empathie est une chose, l'absence de vision stratégique en est une autre. Dans le cas de la Syrie, l'une a mené directement à l'autre. Lors de son arrivée au pouvoir en 2017, le président Macron a eu une formule malheureuse, en précisant que "le régime d'Assad, contrairement à Daech, n'était pas l'ennemi de la France". Comme si la France, pays de la liberté et des droits de l'homme, pouvait ne pas être l'ennemi d'un président qui gazait ses citoyens ?
Au côté du peuple syrien, qui est bien sûr la principale victime du conflit, il y a des perdants multiples et si peu de vainqueurs. Il n'est pas facile de hiérarchiser les fautes et les erreurs commises.
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