Conséquence : Joseph Kabila contrôle l'Assemblée nationale - alors que la coalition "Cach" de Félix Tshisekedi et de son allié, Vital Kamerhe, le président de l'UNC, s'est vu octroyer moins de 10 % des sièges -, mais aussi le Sénat, ainsi que l'appareil sécuritaire (armée, police, services de renseignement).
En réalité, l'écart de voix était manifestement trop grand pour déclarer une victoire de son dauphin Emmanuel Ramazani Shadary. En outre, en pareille hypothèse, le tollé aurait été général. Ainsi, pour des raisons tactiques, afin de soulager la pression tant à l'intérieur qu’à l'extérieur du pays, Joseph Kabila a cédé symboliquement la présidence à un "opposant" arrivé selon toute probabilité second afin de conserver en toute tranquillité le pouvoir. C'est ce deal qui a eu lieu. M. Kabila a accepté de se couper le doigt pour sauver le bras. Si en apparence, perdre la présidence est spectaculaire, cela ne change rien : le pouvoir reste concentré entre les mains de Joseph Kabila et de son camp. En contrôlant les 3/5ème du Parlement (Assemblée nationale et Sénat), ceux-ci peuvent potentiellement modifier la Constitution, et ainsi possiblement modifier le mode de scrutin présidentiel au suffrage indirect. En outre, certains évoquent déjà la possibilité pour Joseph Kabila de devenir le prochain président du Sénat, ce qui en ferait le deuxième personnage de l'Etat. En cas d'empêchement ou de retrait de Félix Tshisekedi de la Présidence de la République, il retrouverait son fauteuil présidentiel. Mais de mon point de vue, M. Kabila à tout intérêt à rester dans l'ombre afin d'accréditer l'idée d'une réelle alternance et préparer au mieux sa candidature à la prochaine élection présidentielle en 2023, fort d'une image redorée à l'international. En attendant, quoi qu'il advienne, la situation actuelle fait penser au mot du comte de Lampedusa dans le roman Le guépard : "Il faut que tout change pour que rien ne change". Joseph Kabila a quitté la présidence mais conserve le pouvoir.
Alors que, le 27 décembre dernier, Kinshasa a donné 48 heures à l’Union européenne pour rappeler son ambassadeur, comment envisager l’avenir des relations entre la RDC et l’UE ?
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