Dans le même temps, l'avenir de l'Irlande du Nord est lui aussi ouvertement débattu. En vertu de l'accord de retrait actuel, l'Irlande du Nord sera déjà soumise à davantage de règles et de réglementations communautaires que le reste du Royaume-Uni. Cela montre que le pays reste divisé, mais non plus pour des raisons économiques. Les fractures sociales et la question des valeurs, tout comme le Brexit, sont en train de devenir les nouvelles lignes de fracture de la vie politique britannique.
BEN JUDAH
Les partisans du Parti travailliste et les partisans vaincus du camp Remain se sont empressés de dire que la victoire de Boris Johnson suggérait la quasi-certitude de l’hypothèse d’une indépendance écossaise, compte tenu de l’incroyable poids du Parti nationaliste écossais, qui a plaidé, non sans un certain air de défi, en faveur d’un maintien au sein de l'UE. On parle moins du fait que l'indépendance devient, pour l’Écosse, bien plus délicate et plus coûteuse d’un point de vue économique une fois le Brexit passé. Dans la mesure où le Royaume-Uni quittera à la fois l'union douanière et le marché unique, toute frontière future entre l'Angleterre et l'Écosse devra être une "frontière dure", aussi dure que toutes les autres frontières extérieures de l'UE, et sans aucun traité comme l'accord du Vendredi saint signé avec l'Irlande du Nord, qui oblige les deux parties à garder une frontière ouverte. Pour les nationalistes écossais, le scénario cauchemardesque serait que le Brexit tue non seulement le corbynisme mais aussi leur rêve d'indépendance, en rendant la rupture bien plus dure et bien plus porteuse de perturbations d’un point de vue économique, que ce que les électeurs pourraient endurer. Ce d'autant plus que dans le cadre de sa demande d’adhésion en tant qu’État dissident, l'Écosse risque de buter contre le veto espagnol (qui sera un signal envoyé par l’Espagne à la Catalogne) ; elle risque aussi de devoir s'engager à rejoindre un euro très impopulaire. Les promesses nationalistes d'une frontière ouverte, d'une adhésion facile à l'UE et du maintien de la livre sterling - voire même la tenue d’un autre référendum - risquent à l’avenir d'être présentées comme des chimères inaccessibles.
Copyright: DANIEL SORABJI / AFP
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