On peut aussi, de manière plus classique mettre l'accent sur les orientations politiques, sinon idéologiques du candidat démocrate. Avec un danger : ce n'est pas parce que le candidat républicain attire un électorat toujours plus conservateur que les démocrates doivent aller toujours plus à gauche. On peut même penser l'inverse et considérer que c'est au centre que la bataille sera gagnée ou perdue. Le candidat démocrate se doit de "ratisser" large et d'attirer sur son nom les plus modérés des républicains, sans aliéner un nombre trop grand de radicaux chez les démocrates.
En réalité ces distinctions, intellectuellement légitimes, sont secondaires par rapport à un autre critère, celui de la capacité d'incarnation du candidat. On ne vote pas pour une formule magique, mais pour un candidat fait de chair et de sang. Hier on disait aux Etats-Unis que les électeurs se déterminaient à partir de deux critères : "Avec qui aurais-je envie de boire une bière ?" (un critère plus masculin que féminin). Et plus important sans doute : "Qui accepterais-je de voir sur les écrans de télévision le plus longtemps sans être pris par un phénomène de rejet viscéral ?"
Tant que l'opposant à Donald Trump demeure une abstraction, il possède toutes les qualités du monde. Il n'est pas Donald Trump. A partir du moment où il devient un être incarné, il devient plus vulnérable. La comparaison s'installe dans les yeux des électeurs. Avec une question classique, mais toujours plus centrale en démocratie. Quelle est la personne qui puisse, tout à la fois, être le candidat le plus crédible face à Trump et, une fois élue, le meilleur président possible ? Une équation difficile, qui l'est devenue plus encore à l'heure de la révolution de l'information.
Un coup d'arrêt au populisme
Il n'en demeure pas moins qu'en ce début d'année 2019 Donald Trump est vulnérable. Certains commentateurs démocrates vont jusqu'à penser qu'il ne se représentera pas en 2020. De passage à Paris il y a quelques jours, une "grande plume" de la presse américaine me confiait sa conviction intime : "Trump est paresseux. Devant l'accumulation des difficultés, judiciaire, économique, politique, il va déclarer sa mission accomplie. Il dira qu'en un seul mandat il en a plus fait qu'aucun président avant lui." Ira-t-il jusqu'à négocier un accord avec la justice du type : "Je ne me représente pas en 2020 et vous arrêtez toute poursuite contre moi ?". Mon interlocuteur n'allait pas jusque-là.
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