Tout ce que l’on peut espérer de l’évolution de la situation à Bamako est qu’elle permette un renouvellement de la classe politique malienne et la mise en place in fine d’une réelle autorité réformatrice. En attendant, le retrait soudain des forces françaises ne ferait qu’ajouter de la difficulté à la difficulté. Il n’en est d’ailleurs question nulle part et, dans les faits, cela ne change pas grand chose à la situation militaire.
Le coup d’État au Mali va-t-il avoir un impact sur la coopération avec le G5 Sahel ? Peut-il par ailleurs remettre en question l’appui européen à travers la taskforce Takuba ?
Les gouvernements du G5 Sahel peuvent difficilement cautionner un coup d’État en son sein, d’autant plus que tous craignent d’en être victimes. En l’occurrence, l’organisation régionale qui est considérée comme la plus légitime pour intervenir dans les affaires intérieures et aider au retour de la stabilité politique du Mali dans le cadre d’institutions démocratiques est la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C’était déjà la CEDEAO qui avait accompagné la transition après le coup d’État de 2012, soutenue par les autres organisations internationales et la France.
Dans l’immédiat, la gestion internationale de cette crise est délicate, entre la nécessité d’exercer une pression sur la junte qui a pris le pouvoir par diverses sanctions sur le pays et celle de ne pas encore affaiblir ce même pays. En vertu d’une loi fédérale interdisant théoriquement toute assistance à un gouvernement non élu démocratiquement, les États-Unis ont suspendu leur aide militaire au Mali et l’Union européenne a fait de même en suspendant la mission de formation EUTM. La France pousse au contraire pour ne pas modifier la coopération militaire et la taskforce Takuba est intégrée à l’opération Barkhane. Elle ne devrait donc pas être affectée dans son principe, mais peut-être plutôt par les réticences éventuelles de certaines nations européennes à en faire partie au regard de la nouvelle situation.
Les putschistes sont-ils plus susceptibles de parvenir à pacifier le Nord du pays que le gouvernement précédent sous Ibrahim Boubacar Keïta ou, à l’inverse, l’instabilité politique causée par le coup d’État rendra-t-elle le pays encore plus vulnérable aux groupes terroristes ?
Dans l’immédiat, le coup d’État aura sans doute plus pour effet de freiner l’action des FAMa, en attendant une stabilisation politique, que de la stimuler. La stimuler ne donnerait par ailleurs sans doute pas de grands résultats opérationnels. Pour l’instant, les unités FAMa ne sont solides et éthiques que lorsqu’elles sont accompagnées par des conseillers, une solution que l’on aurait pu adopter depuis longtemps s’il n’y avait eu la barrière de la susceptibilité nationaliste. Or, comme le cycle de formation EUTM est à l’arrêt et cet accompagnement, au moins européen, est compromis, il ne faut pas attendre de grands changements sur le terrain.
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