La population soutient-elle les mesures adoptées par le gouvernement ?
Dans l’ensemble, la population a bien compris qu’il s’agissait d’une menace grave. Afin de renforcer la confiance et lutter contre la désinformation, le Gabon a mis en place un point d’information quotidien sur l’évolution de l’épidémie réalisé par le secrétaire général du ministère de la Santé, le Dr Guy-Patrick Obiang Ndong. Cet effort de transparence est indispensable pour susciter l’adhésion des populations et éviter la psychose. Néanmoins, sur le terrain, le respect des mesures barrières n’a pas toujours été strictement observé, d’où la déclaration d’état d’urgence sanitaire faite le 9 avril par le Président Ali Bongo Ondimba et la décision d’instaurer à partir du 12 avril le confinement du Grand Libreville.
Le système de santé est-il assez résilient pour affronter l’épidémie ?
Par tête d’habitant, le Gabon est l’un des pays à disposer des infrastructures sanitaires les plus solides sur le continent africain. Le personnel médical y est bien formé. Pour preuve, le premier patient à avoir été infecté dans le pays est ressorti guéri de l’hôpital d’instruction des armées d’Akanda, et d’autres sont en voie de guérison. Le seul décès à déplorer à cette heure est celui d’un patient, de retour de France, qui souffrait par ailleurs de comorbidités importantes, notamment d’un diabète. À noter également que le Gabon compte quatre laboratoires d’analyse, dont un de niveau P4 (ce qui est peu courant en Afrique), le Centre international de recherches médicales de Franceville (le CIRMF) de réputation mondiale en matière de maladies infectieuses tropicales.
Quelles seront les répercussions économiques du coronavirus au Gabon ?
A priori, une diminution de la croissance attendue entre 0,3 et 2,7 % (contre + 4 % initialement prévus) et une baisse des recettes de l’État, que le gouvernement évalue entre 230 et 645 milliards de francs CFA, selon les scenarii. Les droits de douanes sont en effet en baisse du fait du ralentissement des échanges, tout comme les revenus tirés de l’exportation des matières premières. Le Gabon, membre de l’OPEP, qui produit 0,2 millions de barils par jour, est frappé par la crise pétrolière. Les exportations de bois souffrent également. En revanche, le manganèse, dont le pays est l’un des principaux producteurs mondiaux, est pour l’heure relativement épargné.
Toutefois, à l’instar de nombre de pays, le Gabon bénéficiera en compensation d’un surcroît d’aide multilatérale, de la part du FMI, de la Banque mondiale, etc., et bilatérale, de la part de l’Union européenne et de la Chine par exemple.
Un moratoire sur le remboursement de l’aide publique extérieure, tout comme un recours accru à l’endettement, semblent inévitables pour financer le plan d’aide massif de 250 milliards de francs CFA annoncé par le chef de l’État le 3 avril pour accompagner les populations et les entreprises. À noter que fin 2019, la dette gabonaise équivalait à 60 % du PIB.
Selon les économistes, les besoins nouveaux en financement pour surmonter la crise pourraient s’élever à 8 % du PIB. Comme en Europe et partout ailleurs dans le monde, la banque centrale a un rôle décisif à jouer.
Quelles sont les principales mesures attendues des autorités ?
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