Mais qu’en est-il au-delà du court terme ? Parmi les questions qui viennent spontanément à l’esprit, voici celles qui me paraissent les plus importantes :
- Si la politique de confinement chinoise échouait, quelles pourraient être les conséquences mondiales de la pandémie ?
- Supposant que le pic de l’épidémie soit proche, quelles mesures économiques la Chine prendra-t-elle, et avec quel résultat ?
- Quelles seront les conséquences à long terme de l’épidémie, pour l’économie chinoise, comme pour l’économie mondiale ?
L’économie mondiale est très vulnérable à une possible pandémie, qui pourrait coûter 5 % du PIB mondial
Pour les experts de l’OMS, le scénario le plus probable semble être que l’épidémie restera limitée à la Chine et aux pays limitrophes, à condition que les mesures de confinement soient respectées. Cependant, comme le reconnait le CDC américain2, le fait que la pathologie du virus soit sérieuse3 et qu’il soit transmissible entre humains ne permet malheureusement pas d’exclure une pandémie. Le risque d’une pandémie causée par un virus de type grippal, comme celle du virus H1N1 en 2009, a été souvent évoqué, certains épidémiologistes le considérant comme très élevé. Or, dans l’économie mondialisée qui est la nôtre, où les hommes circulent infiniment plus qu’en 1918, une pandémie pourrait avoir des conséquences catastrophiques. Un rapport de la Banque mondiale de 20124 estimait qu’une pandémie du type de la grippe espagnole de 1918 pourrait causer la mort de plus de 70 millions d’êtres humains, avec un coût proche de 5 % du PIB mondial. L’OCDE, comme la Banque mondiale, considéraient que les États n’étaient pas préparés à de tels risques - l’économiste Larry Summers, ancien chef économiste de la Banque mondiale, s’étonnait qu’on n’apprenne pas aux écoliers du monde entier ce qu’avait été l’épidémie de 1918-1920 avec ses 100 millions de victimes, soit 5 % de la population mondiale de l’époque. On voit mal en quoi les États seraient bien mieux préparés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 2012.
Même si la probabilité d’une pandémie est faible, le principe du "pari de Pascal" voudrait que tout le monde prenne très au sérieux le risque que l’épidémie tourne à la pandémie, et qu'on ne saurait reprocher aux États de prendre de strictes précautions.
Si le pire est évité, que peut faire la Chine pour relancer son économie ?
Tant que l’épidémie justifie des mesures de confinement draconiennes, une politique économique visant à stimuler la demande n’aurait évidemment aucun sens puisque, fondamentalement, le choc est un choc d’offre : l’arrêt de la production ne vient pas d’un déficit de demande, mais tout simplement de ce qu’ouvriers et employés ne peuvent aller travailler. Admettons qu’une fois passé le pic de l’épidémie, les autorités chinoises autorisent progressivement une reprise de la vie normale.
Ajouter un commentaire