Cette stratégie se déploie sur plusieurs fronts. Par l’atteinte aux règles internationales, telles que la non-application de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer dans la mer de Chine méridionale. Elle promeut avec vigueur la langue et les idéaux chinois dépeignant une "communauté de destin partagé". Elle met en avant une vision chinoise des relations internationales fondée sur la coopération, les intérêts et les responsabilités partagées, sur la collaboration dans la lutte contre les menaces transnationales, ainsi que sur une inclusion politique fondée sur le principe qu'aucun modèle politique ne peut être appliqué de manière universelle. Elle se traduit par l’occupation de postes à haute responsabilité dans le système des Nations Unies. La Chine était certes sous-représentée dans les instances onusiennes, mais elle a obtenu, en peu de temps, la présidence de quatre des quinze agences des Nations Unies et la vice-présidence de six de ces agences. Enfin, la stratégie chinoise passe par la réduction du financement des initiatives multilatérales dans le domaine des droits de l’Homme.
Nous ne sommes plus à l’époque de la politique étrangère chinoise inspirée par le discours de Deng Xiaoping à l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1974, où il déclarait : "La Chine n’est pas et ne sera jamais une superpuissance. Qu’entendons-nous par superpuissance ? Ce sont les pays impérialistes qui se livrent en tous lieux à l’agression, à l’intervention, à la mainmise, à la subversion et au pillage à l’encontre des autres pays et recherchent l’hégémonie mondiale".
La nouvelle politique étrangère chinoise est qualifiée de "diplomatie des loups combattants" (nom tiré d’une série à succès basée sur une version chinoise de Rambo). Usant de ce nouveau mode de communication, les hauts diplomates chinois répondent de manière agressive à toute critique visant le régime sur des réseaux sociaux généralement interdits en Chine. Cette nouvelle approche permet à la Chine de défendre ses intérêts principaux de manière non équivoque et inconditionnelle alors qu’elle profite d’un rôle de plus en plus important dans le monde.
L’Australie, par exemple, qui est fortement dépendante du commerce avec la Chine (32,6 % de ses exportations), a directement souffert de cette affirmation croissante des Chinois. Suite à une demande d’enquête du Premier ministre australien Scott Morrison auprès de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur les origines du coronavirus, la Chine a répliqué en imposant des droits de douane de 80,5 % sur les exportations d'orge australien et a suspendu des permis d’exportation de bœuf australien vers la Chine, affectant 35 % de ce marché. Si ces mesures étaient étendues à d'autres secteurs, on estime que ce différend pourrait coûter à l'Australie 1 % de son PIB.
Expansionniste
D'un point de vue historique, l'attitude de la Chine à l'égard du reste du monde a considérablement changé. La Chine a dominé la technologie maritime sous la dynastie Song (960-1279), cependant, elle ne l'a pas utilisée pour occuper des territoires et établir un empire colonial outre-mer. Entre 1405 et 1433, avant que les Européens ne lancent leurs campagnes maritimes, l'amiral Zheng He a navigué vers Java, l'Inde, la Corne de l'Afrique et le Détroit d'Ormuz avec une flotte qui surpassait de loin, en taille et en technique, l'Armada espagnole (150 ans plus tard). Contrairement à cette époque, la Chine est désormais prête à utiliser son avance technologique et militaire pour renforcer son influence politique.
Ajouter un commentaire