De même, avec la juge Sotomayor, c’est la seule à avoir été juge de première instance. Elles seules savent véritablement ce qu’est un procès et sont en mesure de reconnaître le travail considérable que réalisent les juridictions de première instance. À l’inverse, la juridiction suprême accorde habituellement peu de "déférence" à ces décisions pourtant argumentées et motivées.
Quelles décisions de la Cour suprême faudra-t-il guetter fin juin 2022 ?
La Cour rend généralement ses décisions les plus controversées à la fin du mois de juin, des décisions sur lesquelles les juges se sont affrontés parfois violemment. On en attend près de trente (soit la moitié des décisions qui seront rendues sur l’année judiciaire ; c’est l’un des chiffres les plus bas, égal à ceux durant la guerre de sécession). Il faudra en guetter trois en particulier.
La première concerne le port d’armes à New York. La deuxième porte sur l’interdiction, dans le Mississippi, de tout avortement après 15 semaines, même en cas de viol ou d’inceste. La troisième, enfin, a trait à l’affaire West Virginia contre l’agence de protection de l’environnement (EPA). Ce sont de bons thermomètres qui permettront de voir jusqu’à quel point la majorité radicale est prête à revenir sur des précédents établis de longue date, de façon à satisfaire son bord politique.
La première affaire, New York State Rifle & Pistol Association Inc. v. Bruen, met en jeu une loi de l’État de New York promulguée il y a plus de 100 ans. Cette loi impose à un individu de justifier la nécessité qu’il aurait à porter une arme en public. Elle impose également l'obtention d’un permis pour ce faire. Deux individus qui n’ont pu obtenir de permis de port d’armes en public et la branche locale du lobby des armes ont contesté cette disposition. Ils savent pouvoir compter, à la Cour suprême, sur une majorité de juges conservateurs partisans d’un port d'armes sans limites.
Certes, le deuxième amendement garantit le droit au port d’armes, mais à l’origine il était destiné à une milice chargée d’assurer la défense des États fédérés. En 2008, dans l’arrêt D.C. v. Heller, la Cour, déjà conservatrice, a jugé que le deuxième amendement garantissait le port d’armes individuel. Cette décision fut reprise et étendue en 2010 dans Mc Donald v. Chicago. Avec ces deux décisions, la Cour suprême a envoyé un message de permissivité donnant latitude aux États dirigés par les Républicains afin d’assouplir au maximum les règles de détention des armes à feu. Elles ont également permis aux partisans d’un port d’armes illimité de contester les rares dispositions prises par les États ou les municipalités dirigés par des Démocrates.
Ajouter un commentaire