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04/05/2015

Rendre la fiscalité française enfin compétitive

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Rendre la fiscalité française enfin compétitive
 Institut Montaigne
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Retrouvez la chronique de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, invité dans l'émission "Ecorama" de Boursorama.

La France vit aujourd’hui au cœur du continent le plus prospère du monde. Elle est la sixième économie mondiale. Elle a besoin des autres pays européens comme ils ont besoin d’elle pour prospérer, pour créer de la croissance et des emplois. Pour cela, nous avons besoin de capital, d’investissement, car c’est l’investissement qui crée la richesse. Or, depuis maintenant trois décennies en France, la fiscalité du capital est pensée comme punitive, elle désincite à l’investissement, et donc nous fait perdre de la croissance.

Il faut revenir sur cette idée, créée par la gauche comme par la droite, de fiscaliser le travail et le capital au même niveau. Le capital, c’est du travail, il a donc déjà été taxé. D’autant qu’en France nous taxons déjà le capital sur le stock, ce qui correspond principalement à l’impôt sur la fortune, mais aussi sur ses revenus. Il est donc taxé deux fois. Un pays comme le nôtre a une fiscalité du capital qui est le double de celle de l’Allemagne, qui est notre principal compétiteur en matière d’attraction des capitaux étrangers, et donc de création d’emplois futurs.

Il faut se rendre en mesure d’être compétitifs, c’est-à-dire qu’il faut faire baisser les dépenses publiques, et peut-être aller chercher sur d’autres bases fiscales ce que rapporte aujourd’hui la fiscalité du capital.

Faire baisser la fiscalité du capital, c’est permettre une plus grande fluidité dans la transmission du capital, pour éviter que des entreprises familiales ou de taille intermédiaire soient rachetées, ou bien sortent de France, c’est un premier bienfait. Deuxième bienfait, faire baisser la fiscalité du capital, c’est permettre plus d’investissement. Investissement en France, mais aussi investissement de capitaux étrangers. Faire baisser la fiscalité du capital, c’est aussi un signal adressé à nos compétiteurs et à nos partenaires européens et mondiaux, pour montrer que la France est décidée à faire des réformes, décidée à résoudre son problème de compétitivité dans la longue durée.

Le prix à payer d’une réforme de la fiscalité du capital, il est double. Il y a un prix politique, il faut avoir le courage d’expliquer à l’opinion pourquoi on le fait, pourquoi c’est nécessaire pour la croissance et pour la création des emplois du futur. Il y a également un coût budgétaire, puisque si on baisse les recettes de l’Etat, il faut à la fois baisser ses dépenses et trouver ailleurs, en complément, les ressources qui manqueront, par exemple sur la fiscalité de la consommation, qui en France, se trouve inférieure à ce qu’elle est dans des pays très égalitaires comme les pays scandinaves du Nord de l’Europe.

La plupart des autres pays de l’Union européenne, la plupart des pays d’Europe, la plupart des pays qui innovent aujourd’hui ont tous soit contenu, soit baissé la fiscalité sur le capital, tout en lui donnant une forte visibilité. Cela a formidablement bien marché ailleurs. On voit en Europe des petits pays aujourd’hui attirer énormément d’investissements étrangers, c’est très vertueux parce cela crée des emplois, cela renforce les écosystèmes d’innovation et de création et cela assure à ces pays une prospérité, avec des emplois qualifiés dans la longue durée. Il faut absolument que la France rejoigne ces pays qui fonctionnent le mieux dans l’Union européenne et qui sont à la fois les plus innovants, les plus prospères, et les plus justes socialement.

Voir la vidéo de Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, invité dans l’émission "Ecorama" de Boursorama


Pour aller plus loin :
Mettre la fiscalité au service de la croissance, étude publiée en septembre 2013

Vive le long terme ! Les entreprises familiales au service de la croissance et de l’emploi, rapport publié en septembre 2013

Une fiscalité au service de la "social compétitivité"
, rapport publiée en mars 2012


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