Les retombées positives de la formation professionnelle en prison sont nombreuses. Des études montrent que le fait de bénéficier d’une action de formation diminue en moyenne de 43 % la probabilité de retourner derrière les barreaux.
De même, au niveau de la société, les programmes de formation en prison représentent un investissement particulièrement efficace : 1 € investi dans un programme de formation réduit le coût global de l’incarcération de 4 à 5 € dans les trois années suivant la libération, et encore plus au-delà.
Enfin, le bénéfice personnel est immense pour le détenu qui peut parvenir à reprendre confiance en lui, à se réapproprier une discipline de vie, et qui peut avoir le sentiment d’être à nouveau acteur d’un projet collectif.
Penser le projet professionnel en amont
Pour un nombre croissant de détenus, le travail en prison constitue une première expérience professionnelle. Il doit être conçu comme un vecteur essentiel de préparation à la sortie, conformément à la mission de réinsertion dévolue à l’administration pénitentiaire. Cela implique un travail d’orientation des détenus dès leur arrivée en prison et le développement de leurs qualifications professionnelles tout au long de leur peine. Cette double approche doit prendre en compte les contraintes propres aux durées de détention : de court-terme et incertaines en maison d’arrêt ; de moyen, voire long-terme, en centre de détention et maison centrale.
L’orientation d’un détenu vers un établissement pénitentiaire pourrait davantage prendre en compte le projet professionnel de la personne détenue, et lui permettre d’être affectée dans un établissement qui lui donnera accès à une formation spécifique, ou à un type d’emploi qui correspondrait à un parcours professionnel cohérent avec ses compétences et ses aspirations.
La prise en charge professionnelle des détenus à leur arrivée en établissement pénitentiaire pourrait également être harmonisée, améliorée et mieux outillée, en particulier dans les maisons d’arrêt, où le retour à l’emploi est par définition proche, mais où, paradoxalement, peu est fait pour le préparer. De fait, la brièveté de la détention, qui rend plus difficile la mise en œuvre d’actions de qualification structurantes, appelle précisément à investir en priorité le champ de l’orientation professionnelle. Cette démarche doit permettre d’accompagner le détenu dans la construction d’un projet professionnel et personnel qui l’aidera à préparer sa sortie prochaine.
Faciliter la transition vers l’extérieur
Au-delà du recours largement insuffisant aux actions de formation professionnelle en prison, le constat qui domine est celui d’une discontinuité fréquente entre les formations suivies à l’intérieur et les projets professionnels poursuivis à l’extérieur. De fait, la continuité entre les actions pré-qualifiantes menées en prison et l’accès à différentes formations certifiantes dehors, dans le même secteur professionnel, n’est pas assurée. Cette absence de lien entre dedans et dehors au niveau de la formation professionnelle se traduit par des conséquences profondément négatives en accroissant la probabilité de rupture sociale, facteur de récidive.
Le numérique en détention
Peut-on raisonnablement penser qu’il est possible d’amener un détenu vers une qualification professionnelle et un emploi à la sortie en le coupant en détention de tous les outils utilisés à l’extérieur par les entreprises ? Il convient de faire du numérique l’outil majeur de montée en gamme du travail pénitentiaire. Un travail pénitentiaire "connecté" bénéficierait en effet d’un ensemble de tendances positives comme la dématérialisation de certaines procédures, un accès sécurisé à des ressources éducatives ou encore la modernisation des méthodes de travail des détenus et leur autonomisation face à la recherche d’emploi.