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Rapport
Novembre 2022

Territoire azuréen :
ambitions 2040

<p><strong>Territoire azuréen :</strong><br />
ambitions 2040</p>
Groupe de travail

Les personnes membres du comité de pilotage de cette étude sont les suivantes :

  • Romain Ascione, directeur régional, Veolia
  • Daniel Audemard, CEO, Groupe Audemard
  • Thomas Collet, secrétaire général, UPE 06
  • Anny Courtade, présidente de Lecasud (1989-2019), de l’Orchestre National de Cannes Provence-Alpes-Côte d’Azur, de l’AS Cannes Football
  • Jean-Michel Diaz, directeur régional, TotalEnergies
  • Fabienne Gastaud, directrice générale, WIT
  • Franck Goldnadel, président du directoire, Aéroports de la Côte d’Azur
  • Sébastien Huron, CEO, Virbac
  • Pierre Ippolito, directeur général, Groupe Ippolito
  • Denis Lacroix, président, Amadeus France
  • Frédéric Lavergne, directeur général, Erilia
  • Chloé Lepeltier-Letitre, dirigeante, Connectica sécurité
  • Yann Librati, directeur général, Francophonia
  • Jean Mane, Président, V.MANE FILS SAS
  • Muriel Mayette-Holtz, directrice, Théâtre National de Nice
  • Florian Mersch, directeur exécutif Grand-Est-Sud, Babilou
  • Laurent Nauche, directeur général division Génie civil France, Vinci Construction France
  • Claire Peradotto, dirigeante, Peradotto Publicité
  • Isabelle Poiraud, directrice d’agence Stéphane Plaza Immobilier et Présidente Femmes Chefs d’Entreprises de Nice
  • Manuel Smadja, directeur général, API Provence

Les opinions exprimées dans ce rapport n’engagent ni ces personnes ni les institutions dont elles sont membres.

Deuxième zone géographique la plus riche de France après l’Île-de-France, le territoire azuréen est connu dans le monde entier pour sa qualité de vie. La diversité de ses paysages, son ouverture à l’international, la richesse de son offre culturelle, ses infrastructures touristiques, mais aussi son développement technologique ou encore la présence de filières d’excellence comme l’aromatique ou la chimie fine dessinent un potentiel à la hauteur de celui des grandes métropoles européennes.

Toutefois, le territoire azuréen, compris ici dans la limite géographique du département des Alpes-Maritimes, doit faire face à de grandes fragilités qui, d'une part, le rendent vulnérable aux crises conjoncturelles et sectorielles et, d’autre part, nuisent à son attractivité. Coût de la vie, vieillissement de sa population, faible diversification économique, fragmentation institutionnelle, absence d’intégration des réseaux de transport : ces faiblesses sont autant de défis que devra relever le territoire azuréen pour assurer son développement économique, social et résidentiel dans les prochaines décennies. Dans ce contexte, comment assurer au territoire azuréen un développement ambitieux à la hauteur des atouts et des forces qui le composent ?

Lancée en août 2021, la démarche “Territoire azuréen : ambitions 2040” a réuni, pendant plus d’un an, une centaine d’acteurs économiques, culturels, associatifs, académiques et sociaux du territoire qui se sont engagés collectivement à mener une réflexion partagée en faveur de l’attractivité de ce territoire. Cette démarche a été initiée par l'Institut Montaigne en partenariat avec Stan et en étroite collaboration avec l’Union pour les entreprises du 06, la Chambre de commerce et d’industrie de Nice et Côte d’Azur, KPMG et l’EDHEC Business School. Elle a permis d’identifier quatre défis prioritaires auxquels ce territoire devra faire face, et de formuler plusieurs recommandations concrètes qui répondent aux enjeux de développement économique, social, culturel ou encore démographique en lien avec la nécessaire transition écologique, à l’horizon 2040.

Attirer durablement la jeunesse face au vieillissement démographique du territoire

La première conviction que porte ce rapport est une nécessaire adaptation du territoire azuréen à la réalité du vieillissement démographique. Au sein des Alpes-Maritimes, les plus de 75 ans représentent 12,1 % de la population (contre 9,3 % dans les Bouches-du-Rhône ou 8 % à Paris) et il est estimé que le nombre de plus de 75 ans devrait doubler d’ici 2050 à l’échelle de la région Sud. Pour parvenir à proposer un développement équilibré sur le long terme, le territoire doit réussir à attirer durablement la jeunesse.

 

Propositions

 

Faire du renforcement des relations internationales un axe stratégique du développement de l’enseignement supérieur.

Expérimenter un dispositif d’accueil clé en main pour les étudiants et doctoraux internationaux associant les entreprises, pour l’ensemble du département, à l’instar du dispositif Toul’box (déployé à Toulouse).

Le territoire azuréen dispose de plusieurs établissements d'enseignement supérieur de qualité mais la population étudiante ne représente que 10 % de sa population globale, contre près de 20 % à Toulouse ou plus de 25 % à Rennes. L’augmentation durable de la part étudiante dans la population sera déterminante dans le maintien de la compétitivité et du dynamisme du territoire.

S’appuyant sur le troisième aéroport de France, le territoire azuréen a une vocation internationale. Il pourrait bénéficier dans les prochaines années du dynamisme des échanges de la mobilité étudiante internationale. Les établissements d’enseignement supérieur de la Côte d’Azur bénéficient déjà d'une importante proportion d'étudiants internationaux (plus de 16 %). Le territoire azuréen gagnerait donc à renforcer ses partenariats académiques internationaux et à accroître sa visibilité à l’internationale, tout en améliorant l’accueil et l’installation des étudiants internationaux.

Lancer une campagne de communication ciblée sur l’attractivité du territoire azuréen à destination des 18-30 ans.

L’image générale du territoire ainsi que les facilités d’installation sont également des facteurs déterminants pour l’attractivité des étudiants et des jeunes actifs. Dans cette perspective, une campagne de communication d’envergure à destination des 18-30 ans devrait être engagée, à l’instar de plusieurs grandes villes françaises qui sont parvenues à améliorer leur image de marque à la faveur d’une politique volontariste.

En jouant sur plusieurs leviers, comme l’octroi d’un forfait culture territorialisé ou le développement de plusieurs dispositifs innovants pour faciliter l’accès au logement, le territoire pourrait considérablement renforcer son attractivité à destination de cette population.

Faire du département des Alpes-Maritimes le territoire cible d’une expérimentation visant à octroyer un avantage fiscal aux personnes âgées accueillant un étudiant dans leur logement en "colocation intergénérationnelle".

Eu égard aux spécificités du territoire azuréen, il pourrait apparaître pertinent de développer les colocations intergénérationnelles. Une expérimentation visant à offrir un avantage fiscal aux personnes âgées accueillant un étudiant dans leur logement, dérogatoire au droit commun, pourrait être initiée sur le territoire.

Faire le pari des filières d’avenir

Le tourisme a vocation à rester un axe majeur de développement du territoire. Pour autant, il doit se transformer et laisser place à une économie plus diversifiée, offrant des emplois variés et stables et s’appuyant sur des technologies à haute valeur ajoutée. Le renforcement des filières d’excellence existantes ainsi que l’appui au développement de nouvelles filières d’avenir apparaissent comme des enjeux majeurs pour rendre le territoire plus résilient.

 

Propositions

 

Créer un label du tourisme durable azuréen, et mettre en place un dispositif d’accompagnement des hôtels / restaurants pour atteindre les objectifs du label, avec une focalisation sur le Moyen et le Haut-pays.

Le tourisme est le principal moteur de l’économie azuréenne : deuxième destination touristique en France, la Côte d’Azur représente 1 % du tourisme mondial. Le département des Alpes-Maritimes tient une place prépondérante dans l’économie touristique puisqu’il concentre à lui seul 34,6 % des emplois touristiques de la région.

Alors que les Alpes-Maritimes sont particulièrement exposées aux changements climatiques et aux risques environnementaux, le territoire azuréen n’est pourtant pas particulièrement connu pour son offre de tourisme durable, qui constitue une évolution nécessaire. Fort d’un tissu de recherche sur la transition écologique, il pourrait être créé sur le territoire un pôle d’excellence en tourisme durable. Parallèlement, la Côte d’Azur doit continuer d’œuvrer pour l’écotourisme, comme cela a été engagé avec la création du Fonds tourisme Côte d’Azur, par la mise en œuvre d’un label "Tourisme durable azuréen".

Organiser un salon annuel de la MedTech à Nice, à l’image de Vivatech Paris, s’appuyant à la fois sur l’important écosystème de l’innovation en santé et la riche offre locale pour les congrès.

Du fait de sa structure démographique, le territoire azuréen a tous les atouts pour devenir un territoire leader dans le domaine de la "Silver Economy". Fort de 500 entreprises du secteur implantées dans les Alpes-Maritimes, d’un important écosystème de recherche et de soins autour du CHU de Nice et d’une place de premier plan dans le domaine de l’IA appliquée à la santé, le territoire doit désormais consolider son positionnement comme territoire du "care".

Les industries aromatique et cosmétique sont également constitutives de l’identité azuréenne. Par le biais de pôles structurants, autour de Grasse et de Sophia Antipolis, le territoire azuréen doit jouer un rôle clé dans la structuration de la filière cosmétique "verte".

Déployer un vaste plan en faveur de l’énergie solaire, passant par la généralisation des dispositifs de cadastre solaire.

Enfin, le territoire doit avoir pour ambition de se positionner comme un leader de la transition énergétique en renforçant notamment les incitations locales au déploiement d’énergies renouvelables. Cela pourrait se traduire par le déploiement de panneaux photovoltaïques par les entreprises et les particuliers, ainsi que sur l’ensemble des bâtiments publics le permettant à horizon 2025, et le développement de nouvelles coopérations citoyennes photovoltaïques.

Substituer au système de régie municipale une régie commune au territoire azuréen pour la gestion des musées pour favoriser une communication plus stratégique à l’échelle nationale et internationale.

Mettre en place une structure de coordination des offres culturelles et touristiques entre les principales métropoles culturelles, en particulier entre Nice, Cannes et Antibes.

Enfin, l’offre culturelle devrait occuper une place plus importante dans l’identité du territoire alors que le secteur du patrimoine et de la culture ne représente que 6 % des retombées touristiques. Le territoire gagnerait à disposer d'une politique culturelle pensée à l'échelle de la Côte d'Azur. Le premier objectif pour le territoire azuréen est de renforcer la visibilité des offres culturelles "groupées", au-delà de la seule métropole niçoise, et il est indispensable pour y parvenir de renforcer la visibilité nationale et internationale des grands musées azuréens. Par ailleurs, la mise en place d’une structure de coordination des offres culturelles et touristiques entre les principales métropoles culturelles, en particulier entre Nice, Cannes et Antibes serait souhaitable.

Desserrer les contraintes sur le logement

La géographie particulière du territoire azuréen est à la fois un atout mais aussi une source de grande fragilité, particulièrement dans le domaine du logement. Le territoire souffre de la pression foncière, d’un niveau de loyer très élevé et d’une offre locative insuffisante qui entrave son développement économique.

 

Propositions

 

Favoriser la réservation de logements intermédiaires adaptés par les entreprises à destination de leurs salariés (via le versement de la PEEC).

Fixer des objectifs précis de création de logements intermédiaires au sein de tous les PLU du territoire azuréen.

Expérimenter l’élargissement des avantages fiscaux du logement intermédiaire à l’ensemble des réhabilitations d’immeubles anciens, et non plus uniquement aux immeubles de bureau.

Sur ce territoire, sous forte tension immobilière aussi bien pour le parc social que pour le parc privé, le besoin existe pour une offre de logement intermédiaire aux loyers compris entre les plafonds PLS et le parc privé.

Plusieurs mesures pourraient être mises en œuvre pour promouvoir cette offre de logements : en favorisant la réservation de logements intermédiaires par les entreprises à destination de leurs salariés, en fixant des objectifs précis de création de logements intermédiaires au sein de tous les PLU ou en expérimentant l’élargissement des avantages fiscaux du logement intermédiaire à la réhabilitation d’immeubles anciens.

Eu égard à la singularité du territoire en matière de foncier disponible et pour favoriser une mixité réelle, expérimenter l’intégration du logement intermédiaire dans la prise en compte des quotas de logements sociaux sur le principe : cinq logements intermédiaires équivalent à un logement social.

Il est également nécessaire de réduire la pression sur le parc social en favorisant davantage le parcours résidentiel et en développant l’accès à la propriété "solidaire", alors que la Métropole de Nice présente une proportion de logements sociaux inférieure à 15 % des résidences principales.

Enfin, au-delà de la diversification du type d’offres de logements (sociaux ou intermédiaires), un enjeu clé pour le territoire azuréen est sa capacité à densifier le bâti dans un contexte de foncier très tendu et sans dégrader le cadre de vie. Si l’amélioration de la lutte contre les logements vacants est un premier axe de travail déjà engagé, la densification du bâti pourrait être envisagée à l’initiative des habitants, comme cela a été expérimenté avec le "Build in my backyard" ou Bimby en Suisse.

Favoriser les coopérations sur le territoire

Une meilleure coopération entre les différentes collectivités est un défi majeur que doit relever le territoire azuréen dans les années à venir. La fragmentation territoriale induite par la construction institutionnelle orientée selon un axe nord-sud - en rupture avec la réalité économique orientée selon un axe est-ouest - conduit à une mauvaise coordination des systèmes de transports publics et à l’absence de politiques communes dans des secteurs clés comme la culture, la promotion du territoire ou la résilience alimentaire qui gagneraient à être portés à un niveau départemental.

 

Propositions

 

Créer une autorité organisatrice de la mobilité (AOM) unique sur le territoire en remplacement du SYMITAM.

Le domaine des mobilités est celui où les effets négatifs du manque de mutualisation sont les plus évidents et les plus préjudiciables pour les administrés : lignes de tramway ou de bus à haut niveau de service (BHNS) qui s’arrêtent aux frontières des EPCI, changements de tarifs, absence d’interconnexion des réseaux, absence de billettique commune, etc. Outre la mise en place d’un système d’information multimodale à l’échelle départementale, ainsi que d’un système de tarification unique, il apparaît nécessaire que les choix d’organisation des services publics ainsi que la réalisation et la gestion d’équipements et d’infrastructures de transport soient mieux coordonnés à l’échelle départementale.

Adopter un plan de résilience alimentaire et climatique au niveau départemental. Prévoir la mise en place d’un réseau local d’énergie commun.

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(120 pages)
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