Pour la population mondiale ?
La population mondiale est en croissance (+1,1 % par an), et cette dynamique devrait continuer, d’après l’ONU. Cette tendance, globale, est néanmoins en ralentissement. La transition démographique - passage d’une natalité et une mortalité forte à une natalité et une mortalité faible - est à l’oeuvre dans le monde entier à des échelons divers. Ainsi,
- entre 1965 et 1970, le taux de croissance de la population atteignait ainsi plus de 2,05 % par an vs. 1,1 % par an aujourd’hui ;
- L’ISF moyen dans le monde était de 3,9 dans les années 1975-1980 ; il est estimé à 2,4 pour les années 2015-2020 et pourrait atteindre 1,9 dans les années 2095-2100.
S’il existe une tendance mondiale, Il est ainsi essentiel de souligner d’importantes disparités entre deux univers : d’un côté, celui des puissances vieillissantes (essentiellement l’Eurasie) et, de l’autre, celui des pays les plus jeunes (l’Afrique notamment, mais aussi une partie de l’Asie). Dans les décennies qui viennent, l’accroissement de la population mondiale proviendra pour moitié de la contribution d’une dizaine de pays : Inde, Nigéria, République démocratique du Congo, Pakistan, Ethiopie, Tanzanie, Etats-Unis, Ouganda ou Indonésie.
Pour la planète ?
Qu’adviendra-t-il de notre planète si la population augmente comme prévu par l’ONU, atteignant 11 milliards d’ici 2100 ? Pourrons-nous nourrir l’ensemble de ses habitants ?
Pour répondre à cette question, il est nécessaire de dépasser les discours pessimistes qui dominent les débats. Les problèmes nutritionnels qui existent, principalement en Afrique, sont avant tout d’ordre humain et non naturel (conflits, mauvaise gouvernance, insuffisance des transports). Même si elle demeure importante, la malnutrition est en diminution (14 % en 2000 contre 11 % en 2016). La production de céréales par an et par personne est supérieure (plus de 300 kilos) aux besoins (200 kilos). En optimisant l’usage et la répartition des ressources, en limitant le gaspillage, en mettant en culture de nouvelles terres, en développant des techniques d’irrigation plus économes, il est possible - pour ne pas dire certain - que notre planète pourra accueillir, et nourrir, 10 ou 12 milliards d’habitants, et même plus.
Par ailleurs, comme le souligne Groupe intergouvernemental d’experts du climat (GIEC), les déplacements liés à des causes environnementales sont généralement progressifs, et très dépendants des opportunités économiques qui se présentent ailleurs (les flux restent donc encore prévisibles et maîtrisables). L’augmentation de la population mondiale n’est pas sans impact sur les changements climatiques de la planète : néanmoins, ceux-ci ne sont jamais l’unique raison poussant les populations à migrer vers d’autres territoires.
Pour le nouvel ordre géopolitique mondial ?
La géopolitique est indissociable des évolutions démographiques, tant celles-ci peuvent affecter directement les grandes puissances mondiales et redistribuer drastiquement les cartes en matière de soft power :
- Les Etats-Unis, première puissance mondiale, devraient consolider leur position de leader du fait d’un taux de natalité relativement élevé (représentant plus de la moitié de l’accroissement annuel de la population) et de la poursuite de l’immigration (moins de la moitié) ;
- La Chine devrait continuer son décrochage démographique vis-à-vis de l’Inde (en 2100, l’Inde pourrait compter un milliard et demi d’habitants… contre un milliard pour la Chine). L’Empire du Milieu fait face à un vieillissement sans précédent de sa population, dû notamment à sa politique de l’enfant unique qui a multiplié les modèles familiaux 4-2-1 (quatre grand-parents, deux parents et un enfant).
- L'Europe connaîtrait de son côté une phase démographique difficile, marquée par une réduction de sa population d’ici 2030. D’ici 2050, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France demeureraient les trois pays les plus peuplés du continent, mais les écarts de populations se ressereraient, l’Allemagne voyant sa population stagner entre 2015 et 2050 tandis que la France, comme le Royaume-Uni, verront leurs populations augmenter (entre 7 et 10 millions d’habitants supplémentaires).
- Le vieillissement généralisé (en 2050, on comptera plus de seniors que de moins de 20 ans) pourrait entraîner ce que l’on appelle “une paix gériatrique” : les pays ayant une population plus âgée étant moins susceptibles de connaître des épisodes de violence.
D’ici la fin du siècle, la population terrestre pourrait se stabiliser - environ deux enfants par femme, tous continents confondus, et une espérance de vie à la naissance de plus de 80 ans. La manière dont l’Afrique évoluera déterminera la taille de la population mondiale à cette échéance : selon l’évolution de sa fécondité, la population mondiale pourrait alors être, selon les projections médianes, de 11 milliards d’habitants selon l’ONU… ou seulement de 9 milliards selon l’IIASA. Une incertitude à deux milliards d’hommes, en somme.