2020 est une année marquée par une conjonction de crises pour les ports du Havre et de la vallée de la Seine. Le trafic maritime a fortement diminué, en raison des mouvements sociaux de décembre 2019 et janvier 2020, puis de la crise sanitaire qui a conduit à la fermeture temporaire de plusieurs sites industriels sur la vallée de la Seine. Le trafic conteneur, baromètre de l’économie portuaire, a ainsi déjà connu une baisse de 30 % depuis le début de l’année pour le port du Havre. Le risque pour les prochaines années est que ce dernier décroche définitivement par rapport aux ports du nord de l’Europe, Anvers et Rotterdam en premier lieu, et qu’il soit relégué à un rôle secondaire à l’échelle européenne. La possibilité que les armateurs suppriment en partie Le Havre de leurs rotations n’est ainsi pas à exclure, alors même qu’il est géographiquement le premier port d’escale de la façade maritime de l’Europe du nord.
Les faiblesses du grand port maritime du Havre sont pourtant bien identifiées : un déficit de fiabilité - en raison d’un climat social pour le moins instable - et un hinterland relativement mal relié, malgré l’immédiate proximité de l’Île-de-France, une des zones les plus dynamiques du continent. Les divers rapports et études consacrés au sujet, abondants depuis une trentaine d’années, aboutissent au même constat, ainsi qu’à des propositions récurrentes, sans permettre d’endiguer véritablement l’érosion des parts de marché du premier port à conteneurs français.
C’est face à ce constat que l’Institut Montaigne a souhaité identifier quelques actions ciblées permettant de donner une forte accélération au développement économique des ports du Havre et de la vallée de la Seine. Ces solutions, concrètes et chiffrées, devront sortir de la seule incantation pour aboutir à des résultats visibles à court et moyen termes. Leur réalisation reposera bien entendu sur un fort volontarisme politique, éminemment nécessaire au regard des enjeux, et seul susceptible de rappeler que le recul du port du Havre dans la compétition européenne et mondiale n’est pas une fatalité.