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08/02/2024

Suède : de l'UE à l'OTAN, le Nord au centre

Suède : de l'UE à l'OTAN, le Nord au centre
 Yohann Aucante
Auteur
Politiste, maître de conférences à l'EHESS et chercheur au CESPRA

La visite d'État d'Emmanuel Macron en Suède, où il était accueilli par Sa Majesté le roi Carl XVI Gustaf, souligne combien les pays nordiques, limitrophes de la Russie, gagne en centralité dans l'agenda européen. Rompant, à l'exemple de la Finlande, avec une politique de neutralité ancienne, Stockholm a en effet entériné son adhésion à l'OTAN en décembre, après la levée du veto turc, même si elle reste dans l'attente de la ratification hongroise. Le gouvernement de coalition mené par le conservateur Ulf Kristersson, allié à l'extrême-droite nationaliste, fait face à une situation économique défavorable et à un climat de tensions géopolitiques. Quels partenariats envisager entre Stockholm et Paris ? En quoi l'adhésion de la Suède dans l'OTAN est-elle un atout stratégique pour celle-ci et pour l'UE ? Quelles sont les spécificités de la situation politique suédoise et dans quelle mesure sont-elles représentatives des autres pays européens ? Entretien.

Quelles étaient les raisons qui avaient poussé Stockholm à candidater à l'OTAN, en mai 2022 ? Comment l'adhésion est-elle perçue par l'opinion publique ? 

L'adhésion de la Suède à l'OTAN, validée le 26 décembre 2023, constitue une rupture historique avec sa position traditionnelle de neutralité, solidaire de celle de la Finlande : Helsinki, qui se trouve à environ 320 km de Saint-Pétersbourg et qui partage une frontière avec la Russie, avait en effet gardé jusqu’à 2022 l'attitude d’une prudence temporisatrice avec Moscou, que l’agression contre l’Ukraine a rendue caduque.

Il était dès lors ardu pour la Suède de rester le seul pays non aligné de l'ensemble de la région nordique. C'est le parti Social Démocrate, encore aux affaires en 2022, qui a changé son fusil d'épaule de manière assez spectaculaire, rompant avec plus de deux siècles d'une doctrine de non-alignement qui, certes, avait connu des vicissitudes à différentes époques. Il est bien évident que la Suède est depuis longtemps sur une ligne atlantiste, deux de ses voisins directs étant par ailleurs membres fondateurs de l'OTAN.

Que va changer l'entrée de la Suède dans l'Otan, alors que Stockholm est déjà un des partenaires les plus importants de l'Alliance atlantique ? 

La contribution de la Suède sur le plan stratégique, dans la région nordique (pays baltes, mer de Barents) est considérable : Stockholm dispose d’une industrie de défense de pointe, non seulement dans les technologies de défense mais aussi dans les domaines électroniques, l'IA, la 5G et les réseaux télécom : autant de domaines où elle peut faire valoir de sérieux avantages comparatifs. C'est notamment l'un des rares pays de cette taille à disposer d’un programme et d'une flotte d'avions de chasse considérables en Europe. Certes, les modèles utilisés, Gripen, du groupe Saab, posent des problèmes d'interopérabilité avec les autres pays de l'OTAN, et la politique de coopération, pour bénéficier d'un espace de défense commun au Nord, est en cours de reconfiguration. Les Saab Gripen n'en restent pas moins, pour l'instant, considérés comme un appoint stratégique important. La Suède a également une forte expertise en matière de sous-marins de pointe, qui lui donne la possibilité de naviguer en mer Baltique, ce qui n'est pas le cas de tous les sous-marins russes. De plus, le budget de la défense a beaucoup augmenté ces deux dernières années et le gouvernement actuel, dans la continuité du précédent, l’a quasi fait doubler. 

S'il existait déjà une coopération de défense nordique, avec notamment, depuis 2023, un accord en matière de défense aérienne, et des liens étroits de la Suède avec l'OTAN et la défense de l'UE, on assiste néanmoins à un changement stratégique dans la région. C'est la première fois depuis le XVIème siècle que tous les pays nordiques seront potentiellement rassemblés dans une alliance commune. 

Quant au niveau européen, l’un des objectifs affichés de la visite présidentielle est de renforcer la défense et la solidarité face à la menace russe et de venir en aide à l'Ukraine. Des points de vue encore divergents demeurent : les Suédois, de concert avec les pays baltes et la Pologne, souhaitent apporter à l’Ukraine une aide militaire et logistique le plus rapidement et le plus massivement possible tandis que la France s'y montre un peu moins encline. 

L'opinion suit cette nouvelle ligne directrice : traditionnellement plutôt défavorable à l'entrée dans l'OTAN (35 % début 2022), elle est passée à plus de 60 % d'avis favorables, avec 25 % d'opposition et le reste d'indécis. En Finlande, l’opinion est plus favorable encore : partagée plus ou moins équitablement juste avant l'adhésion, elle la soutient désormais à 80 %. Le changement, très rapide, est motivé par la menace existentielle que fait peser Moscou sur ses voisins et sur la sécurité de l'Europe nordique.

Comment la guerre en Ukraine affecte-t-elle la Suède, voisine de la Finlande qui est limitrophe de la Russie ? Récemment, le ministre de la Défense civile a invité l'ensemble des Suédois à se préparer à l'éventualité d'une guerre : la menace est-elle sérieuse et perçue comme telle par les citoyens suédois ?

Le ministre de la Défense civile et l'État-major ont fait quelques déclarations à l’emporte-pièce, sans doute excessivement alarmistes et, pour cette raison, elles ont été critiquées. Une guerre de la Russie contre la Suède paraît encore assez improbable, même si la Russie a formulé ses traditionnelles menaces contre tout pays qui voudrait rejoindre l'OTAN. La frontière russo-finlandaise demeure sous tension mais les Russes restent prioritairement concentrés sur l'Ukraine.
 
Les Suédois n'ont pas connu de guerre sur leur territoire depuis les plus de 200 ans qui les séparent des campagnes napoléoniennes début du XVIIIème siècle durant lesquelles le maréchal d'Empire Bernadotte monta sur le trône de Suède. Après tout ce temps, il est normal que la guerre soit considérée comme une abstraction, même si la Suède a réinstauré un service militaire en 2019 et rétabli la conscription. Compte-tenu des circonstances, cela n’empêche pas un certain degré d’inquiétude dans la population. 

Quels sont les thèmes qui structurent le débat public avant les élections européennes de juin prochain ? 

Comme en France, les élections européennes de juin mobilisent tardivement et peu intensément. L’agenda politique est davantage occupé par les questions de criminalité, d’immigration, de santé ou d’école et il est difficile d’identifier un débat public structuré en vue de cette échéance. Malgré un certain regain d’unité politique, en lien avec le contexte géostratégique particulier, la croissance du parti nationaliste et eurosceptique et son soutien au gouvernement poseront certainement la question des frontières européennes et du partage du contrôle de l’immigration, notamment en rapport avec la criminalité organisée.

La problématique climatique et environnementale est aussi traditionnellement importante dans ce contexte et l’Union européenne confirme ses objectifs ambitieux en matière de décarbonation, notamment. Toutefois, le gouvernement actuel et ses alliés ne sont pas les plus engagés dans ce domaine et considèrent qu’il est moins prioritaire. Le débat actuel sur la priorité d’une politique de rénovation énergétique des logements le montre bien, le gouvernement se montrant réticent. Enfin, la Suède était traditionnellement alliée au Royaume-Uni, avec lequel elle partageait une vision favorable au libre-échange et à l’ouverture des marchés. Depuis le Brexit, les Suédois sont plus isolés, ce qui peut poser problème pour les négociations à venir sur le Mercosur qui était une des priorités de la présidence suédoise en 2023 malgré des critiques liées à la déforestation et aux droits humains.

Comment s'envisage la coopération franco-suédoise, notamment dans les domaines environnementaux (accord agro-forestiers), énergétiques (relance de la politique nucléaire) et de défense ? 

La dernière visite présidentielle avait mené Emmanuel Macron au Danemark et en Finlande sans passer par la Suède. Les relations entre les pays sont anciennes et traditionnellement empreintes de respect mutuel. Il existe un grand nombre d'initiatives partenariales qu'il serait bien trop fastidieux de détailler. Notons que Paris et Stockholm ont signé un accord dans le domaine de l’innovation et des technologies vertes en 2017. Il concernait par exemple les domaines des transports, des énergies propres, la transformation numérique ou les villes intelligentes. Il est possible que les avancées aient été modestes du fait de la pandémie de Covid-19 mais la visite d’État semble avoir abouti à un renouvellement approfondi de ce partenariat. En octobre 2023, un accord de coopération forestière a été entériné. Nous avons là deux grands pays forestiers et le secteur du bois est traditionnellement très important en Suède.

En matière nucléaire, les deux gouvernements sont actuellement au diapason.

La coopération est aussi censée intégrer des objectifs climatiques, de résilience de la forêt notamment face aux incendies qui se sont multipliés de part et d’autre. L'objectif de durabilité est beaucoup énoncé, mais on peut néanmoins se poser certaines questions face à une sylviculture qui tend à privilégier la mono-espèce de résineux, les techniques de coupe rase avec une rotation de plus en plus rapide. Les conséquences sur la nature de la forêt, sa résilience et sa biodiversité sont à prendre au sérieux.

En matière nucléaire, les deux gouvernements sont actuellement au diapason et des échanges ont eu lieu entre les ministères de l'énergie et de l'industrie en 2023, ainsi qu’entre EDF et son "homologue" suédois Vattenfall, ce qui a abouti à une déclaration d’intention commune le 19 décembre 2023. Il y a un intérêt certain des Suédois pour la technologie française dans ce domaine. 

Quels sont les atouts stratégiques de la Suède pour Paris ? 

Stockholm occupe une position centrale en Europe du Nord et la Suède est une puissance militaire d'envergure, avec une capacité nucléaire civile qu’elle a la volonté de renforcer : elle a repris son programme nucléaire, ouvrant ainsi un marché potentiel à la France, qui avait déjà construit le premier EPR de Finlande (même si il a été livré en avril 2023 avec beaucoup de retard et un surcoût colossal). 

La Suède dispose aussi de ressources industrielles stratégiques : on y trouve l'un des principaux gisements de terres rares d'Europe et la plus grande mine de fer du continent. Elle a aussi montré ses capacités dans la construction de batteries électriques, avec des entreprises de pointe dans le domaine comme Novo Energy. Ce pays est très avancé dans les domaines du numérique et des nouvelles technologies, en particulier pour ce qui concerne la transition bas-carbone. 

Stockholm occupe une position centrale en Europe du Nord et la Suède est une puissance militaire d'envergure.

Sur le plan des ressources agro-forestières, comme je l'ai indiqué, la Suède présente un intérêt certain en raison de l'importance et de l'ancienneté de ce secteur même s'il convient de se demander si l’on peut envisager des forêts durables autrement que sous l’angle de leur exploitation. 

Comment est perçue la visite d'Emmanuel Macron en Suède ? 

De manière positive. Non seulement la ligne politique française a des affinités avec le gouvernement actuel de centre droit en Suède mais il est en général bien vu qu’un pays influent au niveau européen se déplace en Suède. Quand bien même le Premier ministre suédois s’est fendu d’un petit clip de bienvenue ironique où il rappelle qu’il est nécessaire de respecter les coutumes locales, prendre le temps de partager le sacro-saint fika (la pause café) entre autres choses. L’amitié franco-suédoise est ancienne.

Comment la visite du Président s'inscrit-elle plus largement dans sa politique européenne ?

La Suède pourrait constituer un partenaire utile de l'UE dans l'Otan.

La Suède est favorable à l'élargissement, donc à la présence de l’Ukraine dans Europe et elle pourrait constituer un partenaire utile de l’UE dans l’OTAN. C’est aussi un pays influent et central dans l'écosystème baltique, ce qui est essentiel pour Emmanuel Macron qui souhaite faire de la France le fer de lance du renforcement des capacités européennes de défense.

Quels sont les ressorts de la politique menée par l’exécutif suédois, alors que le gouvernement du premier ministre Ulf Kristersson dépend du soutien de l’extrême droite ? 

Le gouvernement s’appuie sur les Démocrates de Suède, parti nationaliste, en suivant la ligne de la coalition fixée par les accords de Tidö signés le 14 octobre 2022. Les Démocrates de Suède sont en effet désormais, avec 20 % des suffrages, le deuxième parti de Suède, devant le parti conservateur modéré du premier ministre Ulf Kristersson qu’ils influencent largement. 

L’accord de coalition porte sur différents domaines dont des enjeux sociaux comme la santé. Là comme ailleurs, le système de Santé est aux prises, depuis longtemps, avec des carences chroniques dont le Covid a révélé l’étendue. Les Démocrates de Suède sont traditionnellement sensibles à ces questions de santé et de grand âge et ils ont d’ailleurs des soutiens non-négligeables au sein d’un électorat âgé. Ils ont été parmi les plus critiques de la politique suédoise de non-confinement durant le Covid et de son impact sur la mortalité des seniors. 

Un autre enjeu central est celui de la criminalité, souvent directement liée, dans l’esprit des nationalistes, à une immigration non contrôlée. Ces thèmes ont été l’un des points nodaux de la campagne électorale, dans le contexte d’une recrudescence des gangs, des trafics transfrontaliers et des meurtres par armes à feu.

Le dialogue social est aussi tendu depuis que les accords de Tidö prévoient de réduire les prestations sociales d'assistance ou de les conditionner à l’activité. Par ailleurs, le pays connaît, depuis mi-octobre, une grève qui s’étend. Partie des ouvriers de Tesla, qui refusent d’appliquer les règles des conventions collectives en vigueur, elle touche les ouvriers du puissant syndicat de la métallurgie et a attiré d’autres secteurs dans son sillage. La Suède pratique en effet la grève de sympathie, qui rend possible, même aux secteurs qui ne sont pas directement concernés, de se mettre en grève : ainsi postiers, dockers, peintres, et même des ouvriers au Danemark, ont rejoint cette grève. Le gouvernement, pour l’instant, ne se positionne pas vraiment dans le bras de fer et reste soucieux du respect des conventions du travail.

On a beaucoup commenté le projet de loi finance présenté par le gouvernement Ulf Kristersson, moins ambitieux sur les objectifs climatiques : comment la Suède peut-elle concilier ce revirement avec les objectifs européens du Green Deal ? 

La Suède, une des pionnières en la matière, a supprimé le Ministère de l’Environnement qu’elle a fusionné dans un grand ministère de l’Énergie sous ce gouvernement. Ce n’est pas qu’un symbole. Pour la première fois, les partis de coalition ont fusionné pour relancer le programme nucléaire. Celui-ci sert habituellement de caution à la lutte contre le réchauffement climatique tout en permettant des investissements industriels de grande ampleur et la souveraineté énergétique. Mais pour l’instant, et dans l’attente de ce programme qui mettra des années à se réaliser - s’il advient -, la Suède a annoncé qu’elle n’était pas sur la trajectoire de baisse des émissions et de neutralité carbone décidée depuis 2015. Le gouvernement actuel et ses soutiens sont clairement moins engagés sur le sujet, ils sont revenus en arrière sur la taxe carbone que le pays avait été un des premiers à mettre en œuvre, ils ont réduit la fiscalité sur les carburants et il y a donc une vraie régression qui n’est pas nécessairement que conjoncturelle, alors que la Suède avait été l’une des plus ambitieuses en matière de stratégie de décarbonation. Tous ces efforts ne sont pas réduits à néants et ne dépendent pas que de la politique nationale en la matière, mais c’est néanmoins une évolution inquiétante. 

Comment la Suède envisage-t-elle sa politique migratoire, dans un contexte où les Démocrates de Suède, présents dans la coalition gouvernementale, ont annoncé vouloir "la politique de l’asile la plus restrictive d'Europe" ?

C'est l'un des nerfs de la guerre de la nouvelle coalition et de son programme, dans le prolongement d'une évolution restrictive entamée depuis la crise migratoire européenne, où la gauche était au pouvoir. Ainsi, le niveau de revenu pour pouvoir prétendre à l'acquisition d'un titre de séjour a été récemment relevé et l’obtention de la citoyenneté sera conditionnée à une demande préalable ainsi qu'à certains prérequis "d'honorabilité". Il y a un activisme certain de la part de la coalition en place, soutenu par le militantisme des Démocrates de Suède qui ont le vent en poupe. Cela rappelle fortement la situation danoise au début des années 2000, lorsque le Parti du peuple danois soutenait la coalition libérale d'Anders Fogh Rasmussen et avait participé au durcissement de la législation sur l’immigration et la citoyenneté. La Suède tend dorénavant vers le modèle danois avec des effets sur le rassemblement familial et la naturalisation qui vont être plus difficiles même s'il y a des contre-pouvoirs allant des défenseurs des droits (le fameux Ombudsman) aux ONG de ce secteur, sans parler des citoyens eux-mêmes qui pourront faire leur choix dans les urnes. On voit du reste des formes de protestations, par exemple dans le milieu des professions de soins où l'on menace de refuser d’appliquer des mesures considérées comme discriminatoires (par exemple la non traduction des consultations dans la langue d’origine). 

Comment caractériser l'extrême-droite suédoise ? Depuis quand observe-t-on sa montée en puissance et comment l'expliquer ? 

L'extrême-droite suédoise est probablement l'une des plus virulentes mais aussi la plus récente des pays du Nord, en ce qui concerne son ancrage dans le paysage politique. La transformation des Démocrates de Suède, parti initialement issu d’une mouvance très radicale, a mis une vingtaine d’années à s'opérer.

Elle a certes lissé la façade, en accentuant la visibilité de son leader indéboulonnable Jimmie Åkesson, le chef des Démocrates de Suède, qui, du haut de sa quarantaine, semble encore plutôt jeune, quoiqu’il soit en place dans le paysage politique depuis 20 ans. Par rapport au Rassemblement National, les Démocrates de Suède sont un peu plus libéraux, mais avec une attention forte portée aux questions de santé et de grand âge. 

L'extrême-droite suédoise est probablement l'une des plus virulentes mais aussi la plus récente des pays du Nord.

Venu du sud de la Suède, ce parti a essaimé et s’est implanté à peu près partout, même s’il est moins puissant dans les grandes villes. Il s’est intégré au jeu politique en évinçant les éléments qui faisaient le plus tâche et en étant moins vulnérable aux divisions internes que ses homologues danois ou finlandais. Cette stabilité les a servis. Le parti grignote du terrain depuis 2010, où il est entré au Parlement. Désormais deuxième force politique, c’est la première fois qu’il participe à une coalition parlementaire formelle. 

ll faut souligner le rôle de certains "entrepreneurs idéologiques" qui sont parvenus à rassembler les électeurs, sur une ligne combinant nationalisme et chauvinisme social.

Pour le comprendre, on ne peut se contenter de regarder les chiffres de l’immigration. La Suède a longtemps été une nation par tradition très ouverte pour les réfugiés et les demandeurs d'asile et, malgré cela, elle n'a pas été le terrain le plus propice aux idées nationalistes. Au-delà de la seule conjoncture migratoire, il faut donc souligner le rôle de certains "entrepreneurs idéologiques" qui sont parvenus à rassembler les électeurs, sur une ligne combinant nationalisme et chauvinisme social. 

Face à la nouvelle donne politique, certains électeurs de droite traditionnelle se sont tournés vers les sociaux-démocrates lors des dernières élections et le parti est assez haut dans les sondages (35 %), ce qui affaiblit certains partis du gouvernement qui ne sont pas plébiscités pour leur action. En conservant leur posture d’arbitre, à la fois membres de l’alliance parlementaire, mais pas formellement au gouvernement, les Démocrates de Suède font une bonne opération et se positionnent désormais comme la principale alternative même s’il est difficile de leur prédire un avenir à la tête d’un gouvernement.

Propos recueillis par Hortense Miginiac

 

Copyright Image : Ludovic MARIN / AFP

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