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05/10/2023

[Sondage] - Les Français et la fiscalité

[Sondage] - Les Français et la fiscalité
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne
 Lisa Thomas-Darbois
Auteur
Directrice des Études France et Experte Résidente

Tous les mois, l'Institut Elabe interroge les Français pour Les Échos et l'Institut Montaigne. Ce mois-ci, la question posée porte sur les Français et la fiscalité.

Le sondage en quelques mots : À quelques jours de l'examen du projet de loi de finances pour 2024, les préoccupations des Français concernant la dette et la fiscalité ne faiblissent pas. Déjà en mai dernier, 42 % ressentaient une augmentation de la pression fiscale depuis 2017. Ce taux augmente de 16 points en octobre (58 %), une perception sûrement nourrie par l'augmentation de la taxe foncière dans de nombreuses collectivités ( +7,1 % en moyenne nationale sur un an). En miroir, le consentement à l’impôt se délite : 51 % des Français seulement jugent que le paiement des impôts est justifié au regard de la qualité de nos services publics. Et ils sont nombreux à vouloir augmenter les dépenses de santé, de sécurité et d’éducation (72 % des Français sont favorables à l’augmentation du budget de l’Éducation nationale, même si 38 % d’entre eux estiment que cette mesure est insuffisante).

À l’inverse, 39 % des Français considèrent que l’augmentation de 600M€ de taxes et d’impôts sur les autoroutes et les aéroports - figurant également dans le PLF pour 2024 - est une mauvaise mesure. Perçue comme un totem, la fiscalité afférente (de près ou de loin) à la mobilité des Français est en effet source de clivages politiques importants : si 40 % des électeurs du parti présidentiel approuvent cette mesure, seuls 17 % et 14 % respectivement des électeurs de LFI et du RN approuvent un tel dispositif. Signe que les débats budgétaires seront encore loin d’être consensuels.

Le sentiment que la pression fiscale a augmenté depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 progresse fortement depuis mai et devient majoritaire (58 %, +16)

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En cette période de réception de la taxe foncière et de rattrapage de l'impôt sur le revenu, 58 % (+16 points depuis le 3 mai 2023) des Français ont le sentiment que les impôts et taxes ont augmenté depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, dont 34 % (+12) beaucoup augmenté et 24 % (+4) un peu augmenté, 21 % (-8) qu’ils sont restés stables et 20 % (-8) ont le sentiment qu’ils ont baissé, dont 18% (-6) un peu baissé et 2 % (-2) beaucoup baissé.

Depuis mai, le sentiment que les impôts et taxes ont augmenté depuis 2017 progresse au sein de :

  • Toutes les catégories socio-professionnelles : employés/ouvriers (63 %, +18), professions intermédiaires (60 %, +17), cadres (57 %, +13) et retraités (49 %, +18)
  • Toutes les tranches d’âge : 18-34 ans (64 %, +12), 35-64 ans (62 %, +18) et 65 ans et plus (47 %, +17)
  • Et parmi tous les électorats : abstentionnistes (70 %, +24), électeurs de Marine Le Pen (65 %, +15), de Jean-Luc Mélenchon (61 %, +9) et d’Emmanuel Macron (29 %, +16)

Le consentement à l’impôt se fragilise, les critiques sur la manière dont l’argent public est utilisé progressent

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Interrogés sur notre système fiscal, 51 % des Français estiment désormais que le paiement des impôts et taxes est justifié car il finance les services publics, une proportion en baisse de 7 points depuis le 3 mai 2023. Le consentement à l’impôt recule fortement chez les employés/ouvriers (36 %, -12), les professions intermédiaires (54 %, -10) et chez les moins de 35 ans (35 %, -24). Malgré des baisses, une majorité d’électeurs d’Emmanuel Macron (73 %, -11) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (57 %, -7) demeurent convaincues que le paiement des impôts et taxes est justifié. A contrario, les électeurs de Marine Le Pen sont de plus en plus sceptiques (63 % pas d’accord, +10).

Le fonctionnement du système et la manière dont l’argent du contribuable est utilisé sont fortement critiqués : 

  • 82 % (+4) des Français estiment que les pouvoirs publics ne luttent pas suffisamment contre la fraude fiscale, et 78% (+2) contre la fraude sociale
  • 81 % (+3) des Français estiment que le montant des impôts et des taxes n’est pas bien utilisé par les pouvoirs publics
  • 76 % (=) considèrent que le système fiscal actuel ne permet pas la redistribution des richesses entre les différentes catégories de la population

Des critiques largement majoritaires et qui progressent au sein de toutes les catégories de population et électorats.

Stable depuis mai, la généralisation de l’impôt sur le revenu à l’ensemble des ménages est toujours rejetée par une majorité (54 % pas d’accord, 45 % d’accord). Derrière cette opinion majoritaire, de nombreux clivages existent :

  • Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (67 %) et de Marine Le Pen (57 %) sont plutôt opposés à cette mesure, les électeurs de Valérie Pécresse (68 %) et d’Emmanuel Macron (63 %) plutôt favorables
  • D’un point de vue socio-professionnel, les employés/ouvriers rejettent cette mesure (65 %) tandis que les cadres (58 %) et les professions intermédiaires (53 %) sont une courte majorité à y être favorables
  • En termes d’âge, les moins de 35 ans y sont opposés (66 %), une opposition qui diminue avec l’âge et qui devient minoritaire après 65 ans (45 %)
  • Enfin, les Français qui payent l’impôt sur le revenu approuve en majorité cette mesure (59 %), ceux qui ne sont pas soumis à cet impôt y sont massivement opposés (74 %)

Pour réduire la dette, les Français misent avant tout sur une contribution des plus aisés, une réduction des dépenses publiques et les effets d’une croissance économique à venir

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Interrogés sur les moyens qu’il faudrait mobiliser pour réduire la dette publique, les Français citent d’abord une "contribution exceptionnelle" des plus aisés (56 % +2 points, 2 réponses parmi 5 items) juste devant la réduction des dépenses publiques via des réformes (54 %, +2) et la croissance économique dans les années à venir (49 %, -3). Derrière ce trio, 2 Français sur 10 citent les hausses d’impôts pour les entreprises (21 %, -1) et moins d’1 sur 10 pour les particuliers (7 %, +2).

Des chiffres relativement stables par rapport à la dernière mesure début juin 2023.


Politiquement, des différences émergent entre :

  • Les électeurs de J.L Mélenchon qui citent davantage la "contribution exceptionnelle" des plus aisés (73 %) et la hausse des impôts des entreprises (34 %)
  • Les électeurs d’E. Macron qui privilégient particulièrement les effets de la croissance économique (63 %) et la réduction des dépenses publiques via des reformes (62 %)
  • Les électeurs de M. Le Pen ont un avis sensiblement similaire à l’ensemble des Français
  • D’un point de vue socioprofessionnel, les cadres misent avant tout sur la croissance économique (62 %) alors que les catégories populaires sont plus sensibles à la "contribution exceptionnelle" des plus aisés (59 %, contre 40 % des cadres).

Les Français estiment qu’il faudrait augmenter en priorité les dépenses publiques de santé, sécurité et d’éducation, et les baisser pour les allocations familiales et chômage

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Pour les Français, la santé (51 % stable par rapport au 4 mai 2023, 3 réponses parmi 18 items) reste le domaine prioritaire sur lequel il faudrait augmenter la dépense publique. Quelques jours après les annonces d’Emmanuel Macron sur la sécurité du pays avec notamment la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie, le domaine de la sécurité enregistre une nette hausse (37%, +10) devant l’éducation (36 %, +4), autre thématique d’actualité en cette rentrée 2023.

Derrière ce trio en tête, 2 Français sur 10 citent les retraites (24 %, -3), l’environnement/la transition écologique et énergétique (22%, =), la dépendance/la vieillesse (16 %, -2) et la justice (16 %, -4).


Politiquement, si la santé est un sujet prioritaire pour tous les électorats, quelques différences sont à noter pour les autres domaines :

  • Les électeurs de J-L. Mélenchon priorisent d’abord l’éducation (48 %) et l’environnement, la transition écologique et énergétique (33 %)
  • Les électeurs d’E. Macron citent particulièrement la sécurité (44 %) juste devant l’éducation (37 %)
  • Et les électeurs de M. Le Pen évoquent principalement la sécurité (49 %) et les retraites (37 %)


D’un point de vue socioprofessionnel, peu de différences sont à noter. En termes d’âge, les plus de 65 ans évoquent davantage la santé (57 %) et la dépendance, le vieillissement (21 %), les 50-64 ans les retraites (31 %) et les 35-49 ans plus particulièrement l’éducation (43 %).

A contrario, les domaines sur lesquels il faudrait baisser les dépenses publiques sont les allocations familiales (36 % +3, 3 réponses parmi 18 items) devant le chômage (28 %, +6), le numérique (27 %, +1) et la culture (23 %, +4).

Pour 16 % (-6) des Français, la dépense publique ne devrait baisser sur aucun des domaines.


Quelques écarts significatifs peuvent être notés :

  • Les allocations familiales sont particulièrement citées par les électeurs de M. Le Pen (49 %, contre 40 % des électeurs d’E. Macron et 20 % J.-L. Mélenchon)
  • La défense/l’armée est principalement citée par les électeurs de J.-L. Mélenchon (31 %, contre 13 % des électeurs d’E. Macron et 9 % M. Le Pen)
  • Le chômage est notamment cité par les électeurs d’E. Macron (34 %, contre 13 % des électeurs de J-L. Mélenchon et ex aequo avec ceux de M. Le Pen).

PLF 2024 : l’augmentation du budget dédié à l’Éducation nationale et à la transition écologique plutôt soutenue par l’opinion, l’augmentation des taxes sur les autoroutes et aéroports plutôt rejetée

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Parmi les mesures fiscales présentes dans le projet de loi finance (PLF) du gouvernement pour 2024, l'augmentation du budget de l'Éducation nationale de 3,9 milliards pour revaloriser les métiers de l'enseignement (34 % bonne mesure, 38 % bonne mesure mais insuffisante, 12 % mauvaise mesure) et l'augmentation du budget dédié à la transition écologique de 10 milliards par rapport à 2023 (27 %, 31 %, 24 %) sont deux mesures plutôt soutenues par l’opinion publique, même si une part importante de Français considèrent qu’elles sont insuffisantes.

Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron approuvent particulièrement ces mesures (53 % et 43 % bonne mesure, 34 % bonnes mesures mais insuffisantes), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon ont un regard plutôt positif mais estiment plutôt qu’elles sont insuffisantes (53 % et 45 %). Concernant l’augmentation du budget pour la transition écologique, 40 % des électeurs de Marine Le Pen considèrent qu’il s’agit d’une mauvaise mesure.

La réduction de la fiscalité des entreprises avec la suppression sur 4 ans de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (19 % bonne mesure, 26 % bonne mesure mais insuffisante, 29 % mauvaise mesure) et surtout l'augmentation de 600 millions d'euros de taxes sur les autoroutes et les aéroports (21 %, 22 %, 39 %) clive davantage l’opinion.

Ces deux mesures clivent au sein de tous les électorats, on peut toutefois observer que plus de 4 électeurs sur 10 (43 %) de Jean-Luc Mélenchon considèrent que la réduction fiscale pour les entreprises et une mauvaise mesure et que la même proportion d’électeurs de Marine Le Pen partage cette opinion concernant l’augmentation des taxes sur les aéroports et autoroutes (47 %). La majorité des électeurs d’Emmanuel Macron considère que ces 2 mesures sont bonnes, même si près d’1 sur 4 juge qu’elles sont insuffisantes.

Copyright Image : BERTRAND GUAY / AFP

Sondage - Les Français et le système fiscal (31 pages)Télécharger
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