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27/04/2024

[Sondage] - Élections européennes : au mitan d'une campagne, le mid-term d'un mandat ?

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[Sondage] - Élections européennes : au mitan d'une campagne, le mid-term d'un mandat ?
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Alors que la campagne européenne n'a pas vraiment commencé, notre nouvelle enquête électorale conduite avec IPSOS, pour l'Institut Montaigne, Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le Cevipof examine l'encéphalogramme des intentions de vote et des préoccupations principales des Français. 

L'enquête électorale conduite avec IPSOS pour l’Institut Montaigne, Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le Cevipof est construite sur un très large échantillon de plus de 10 000 sondés se poursuit dans le cadre de notre Opération spéciale élection européenne. Après notre première analyse du mois de mars, quelles sont les grandes dynamiques à l'œuvre, à quelques semaines du scrutin ? Le Rassemblement national conserve son avance, la liste de Raphaël Glucksmann progresse et celle de la majorité présidentielle régresse. Le pouvoir d'achat, l'immigration et l'environnement sont en tête des préoccupations des votants, pour un scrutin dont le taux de participation devrait rester assez faible. Notre nouveau sondage, qui a été réalisé avant que le président de la République ne prononce son discours à la Sorbonne, prend le pouls des électeurs, alors que beaucoup considèrent que la campagne n'a pas encore réellement démarré. 

Intentions de vote : paysage stable malgré la progression de la liste socialiste 
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Alors que la certitude d'aller voter reste stable, à presque 45 %, par rapport aux chiffres du mois de mars (44 %), le Rassemblement National se maintient en tête des intentions de vote (32 %). Parmi les sondés, 18 % de cadres, 33,5 % d'artisans-commerçants-chefs d'entreprises, 52,6 % d'ouvriers et 26,3 % des retraités comptent ainsi donner leur bulletin de vote à Jordan Bardella, qui séduit particulièrement les jeunes (30 % des moins de 35 ans). Comme nous l'observions déjà lors de la précédente vague, le RN confirme qu'il peut s'élargir sans déstabiliser son socle et marque une percée chez les cadres et chez les plus âgés, qui ne lui opposent plus leur résistance coutumière à mesure que la mémoire politique du FN s'étiole. Raphaël Glucksmann confirme sa progression et mord sur le terrain de LREM, progressant de 11,5 à 14 % dans les intentions de vote et capitalisant sur l'électorat pro-européen. Il touche surtout les cadres (17,8 % des cadres se déclarent prêts à voter pour la liste socialiste), les professions intermédiaires (15,2 %) et les retraités (15,2 %). La liste menée par Valérie Hayer pour LREM perd du terrain, la candidate passant de 20 % en novembre à 18 % en mars pour désormais s’établir à 17 % des intentions de vote. 

Préoccupations des Français : un scrutin européen au prisme hexagonal 
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Au moment du vote, les électeurs prennent en compte les enjeux hexagonaux (58 %) avant les enjeux européens (42 %). Le scrutin du 9 juin ressemblera ainsi à un vote de "mid-term" où les enjeux européens semblent dilués. Parmi les sujets qui détermineront le vote des électeurs, le pouvoir d'achat est en tête, avec 22 % des sondés qui le placent en haut de leurs motivations, et 49 % qui le font figurer parmi les trois sujets les plus importants. Vient ensuite l'immigration, que 15 % des électeurs placent en tête de leurs préoccupations et 34 % parmi leurs trois préoccupations principales. L'environnement figure en troisième position (placé en première position par 11 % des sondés, et parmi les sujets les plus importants par 26 %). Parmi les autres sujets qui reviennent dans les trois enjeux déterminants pour le vote, sans pour autant être placés en première position, se trouvent également le système de santé (33 %) et la menace terroriste (19 %). La répartition n'est pas tout à fait la même chez les électeurs de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2022. Pour eux, l'immigration arrive en tête, suivie du pouvoir d'achat et de la sécurité des biens et des personnes. L'environnement, qui était un moteur important lors de la campagne de 2019, a perdu de son attrait. Si le sujet reste prioritaire chez les jeunes, l'importance qui lui est accordée décroît avec l'âge des votants. 

Hiérarchiser les priorités : l'UE attendue sur les enjeux migratoires
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54 % des sondés estiment que les décisions de l'UE ont un impact plutôt négatif ou pas d'impact (22 %) sur la situation de la France, ce qui indique une certaine méconnaissance du fonctionnement de l'UE et un sentiment d’impuissance. Pourtant, les électeurs attendent de Bruxelles une action prioritaire concernant la crise migratoire, que 42 % des sondés placent en tête des priorités, chiffre qui monte même à 76 % chez les électeurs qui se rangent dans la droite radicale. Viennent ensuite la lutte contre le changement climatique (36 % et même 52 % pour la gauche radicale et 55 % pour le centre gauche) et l'avenir de l'agriculture européenne (35 %). Paradoxalement, alors que les préoccupations environnementales comptent pour les électeurs, ils sont 68 % à estimer que l'interdiction de vente de véhicules thermiques neufs est une mauvaise chose. 78 % estiment que la décision d'atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 est une mesure positive, tout comme 80 % souhaitent réduire l'importation de produits étrangers émettant beaucoup de gaz à effet de serre.

"Souveraineté européenne", un oxymore ? La France et l'UE
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L'idée européenne, qui s’est revalorisée dans l'esprit des Français, sous l'effet des crises et par l'exemple du Brexit, va de pair avec la conviction que la France a un rôle particulier à jouer sur la scène internationale. 71 % des sondés considèrent qu'il faut renforcer la souveraineté de la France et 14 % vont jusqu'à souhaiter un Frexit (34 % parmi les électeurs de droite radicale). À gauche, ce sont 61 % des sondés qui estiment qu'il faut renforcer la souveraineté de notre pays. Une majorité de sondés (53 %) estiment qu'il est contradictoire d’envisager une "souveraineté européenne", parce que la souveraineté ne peut être que nationale. Néanmoins, au sujet de la défense, une petite majorité (39 % ) privilégie le niveau européen pour prendre les décisions. Une majorité d'électeurs considèrent que le contrôle des déficits (46 %) et les mesures sociales (47  %) doivent revenir aux États-membres. 

 

Copyright image : FREDERICK FLORIN / AFP

Sondage "Enquête électorale française Elections européennes" (avril 2024) (64 pages)Télécharger
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