AccueilExpressions par MontaigneQue lire cet hiver ? Les recommandations de lecture de l'Institut MontaigneLa plateforme de débats et d’actualités de l’Institut Montaigne Société17/12/2025ImprimerPARTAGERQue lire cet hiver ? Les recommandations de lecture de l'Institut MontaigneAuteur Institut Montaigne En cette fin d’année, l’Institut Montaigne place les recommandations de lecture de son équipe et de ses fellows sous le signe du silence, et de l’écoute. Le silence du grand Nord, et le silence est d’or. L’oreille attentive et patiente d’une anthropologue des confins russes, et l’écoute du Cantique des cantiques, ces poèmes bibliques qui inspirèrent à un prix Nobel son Chant de Salomon. L'écoute d'un soliloque prophétique, dans le roman d'un autre prix Nobel, et celle de la voix respectée d'un humaniste contemporain. L’écoute de soi, et l’écoute du monde… Chut, je lis !Les Guerriers de l’Hiver, Olivier Norek, Michel Lafont, 2024Le dernier roman d’Olivier Norek, Les Guerriers de l’Hiver, transporte le lecteur dans ce conflit qui, à la charnière de 1939 et de 1940, a opposé l’URSS (180 millions d’habitants) à la Finlande (3 millions). L’atmosphère du conflit et la vie des combattants, dans un paysage où il fait - 50 degrés, sont admirablement rendus. Les Russes croyaient vaincre en quelques jours, ils se heurtèrent à une résistance acharnée, mais ils surent renouveler leurs tactiques. Aucun pays européen ne vint au secours des Finlandais ; ceux-ci durent demander la paix, consentir à des sacrifices territoriaux, mais, grâce à leur courage, leur indépendance fut préservée. On aura compris combien ce roman est d’actualité.Nos silences, Apprendre à les écouter, Laurence Joseph, Autrement, 2025On le dit d'or, en tout cas est-il rare : le silence. Laurence Joseph lui donne voix au chapitre. Qu'il soit assourdissant, coupable, religieux, signe de l'ineffable ou de l'indicible, ce point aveugle du discours ouvre la voie à une analyse de notre rapport intime au monde. Dans cet essai nourri de littérature, de musique et de philosophie, l'autrice, psychanalyste et psychologue clinicienne, imagine une cartographie du silence sur laquelle se dessinent nos désordres, nos tabous, nos limites. Ce faisant, elle offre une réflexion originale et féconde sur notre société, d'autant plus appréciable, peut-être, en cette tonitruante période de fêtes.La frontière - Un voyage autour de la Russie de la Corée du Nord à la Norvège (traduit du norvégien par Alex Fouillet) Gaia, 2019Le carnet de voyage géopolitique est une spécialité largement pratiquée dans le monde dit anglo-saxon. Le livre d’Erika Fatland se démarque toutefois de la production habituelle à la fois par son thème et par l’approche de son auteur. Le thème : un voyage "autour" de la Russie, afin de constater l’influence de Moscou au-delà de ses frontières et d’analyser la perception du pays par ses voisins immédiats. L’approche : ni celle d’un journaliste ou d’un écrivain, mais celle d’une anthropologue norvégienne, dont la culture personnelle et professionnelle la conduit, de façon heureuse, à mettre en avant les personnes croisées ou interviewées - ce qui tranche avec le nombrilisme fréquent dans ce type de livre. Le récit humain de ce voyage assez extraordinaire – de la Chine au Cap nord en passant par le Caucase – et des multiples incidents qui l’émaillent est la véritable richesse de l’ouvrage. Un livre qui vaut bien des analyses géostratégiques plus récentes ou plus pointues.Le Chant de Salomon, Toni Morrison, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Guiloineau, 1977Song of Solomon, chef-d’œuvre de Toni Morrison, prix Nobel de la littérature, est souvent cité parmi les meilleurs romans en langue anglaise de tous les temps. Cette œuvre, qui explore des thèmes à la fois intemporels et intrinsèquement liés à une place et une époque, suit Milkman Dead lancé dans une quête de lingots d’or qui devient une recherche sur son histoire et celle de sa famille. De l’enfance à l’âge adulte, Morrison relate le parcours d’un homme qui comprend progressivement comment les échecs, les souffrances, les espoirs et l’amour de ses ancêtres ont façonné son existence et ses questionnements. À la croisée des thèmes de l’émancipation individuelle et de la communauté, du mythe et de la réalité, du passé et du présent, du devoir et de la responsabilité, un roman envoûtant, magistral, indispensable.Le Sacre de l’Authenticité, Gilles Lipovetsky. Éditions Gallimard, 2021Le droit d’être soi, lu comme la matérialisation d’une valeur prédominante de notre démocratie actuelle : l’authenticité. Tel est le point de départ de Gilles Lipovetsky. Dans cet essai, il s’attache à ce qu’il considère comme l’un des phénomènes les plus transformateurs de nos sociétés modernes et retrace la trajectoire d’une idée qui, depuis les années 1970, s'est installée progressivement dans nos préoccupations quotidiennes, nos rapports avec les autres, nos familles ou nos relations professionnelles. De l’art de vivre à l’alimentation en passant par le tourisme, le sociologue et philosophe de la modernité offre une enquête anthropologique passionnante et met en garde : l’idéal d’authenticité, qu’on croise à tous les tournants de la vie quotidienne, va de pair avec le risque d’enfermement dans une quête narcissique de nous-mêmes.Universaliser - L’humanité par les moyens d’humanité, Souleymane Bachir Diagne, Albin Michel, 2024L’universel peut-il être autre chose que la mainmise victorieuse d’un point de vue particulier ? Peut-on penser un universalisme qui ne soit pas un impérialisme ? Oui, répond Souleymane Bachir Diagne, par la vertu du polyptote, c’est-à-dire grâce à une opération grammaticale (bénigne) qui nous fait passer de l’essence d’un substantif (universel) à l’action d’un verbe : universaliser. Partant du constat qu’aucune région du monde ne peut, seule, décréter de ce qu'est l'universel, le philosophe, l'une des voix africaines les plus respectées à travers le monde, invite à une philosophie du décentrement et ose, à l’heure des ethno-nationalistes, proposer de construire un nouvel humanisme.Guerre & guerre, László Krasznahorkai (Traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly), Cambourakis, 2013 Le prix Nobel de la Paix, hyper-médiatisé par la convoitise de Donald Trump, eût pu faire passer celui de Littérature au second plan si ce dernier n'avait pas protesté en récompensant l'auteur d’un roman appelé Guerre et guerre, le Hongrois László Krasznahorkai. Itinéraire solitaire d'un homme qui cherche le centre du monde jusqu’à New-York, soliloque désespéré d'un archiviste fou obsédé par un manuscrit trouvé dans les entrailles d'une bibliothèque de province, projet prophétique de retranscrire une nouvelle Apocalypse sur Internet pour les générations futures : le récit joue de sa complexité narrative mais offre, au-delà de son questionnement métaphysique sur le sens de l'Histoire, l'expérience sensible de la communion humaine, seule issue au désarroi et aux insuffisances du moi. Retrouvez aussi tous les Book Clubs reçus à l’Institut Montaigne depuis septembre 2025 :ImprimerPARTAGERcontenus associés 18/12/2024 Comprendre 2024, se projeter en 2025 : nos recommandations de lecture de fi... Institut Montaigne 23/07/2025 Que lire cet été ? Les neuf recommandations de lecture de l'Institut Montai...