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11/05/2012

Prisons : toujours plus de détenus

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Prisons : toujours plus de détenus
 Gunilla Björner
Auteur
Ancienne responsable des relations institutionnelles de l'Institut Montaigne

Au 1er avril 2012, la France a de nouveau battu un record bien triste : celui de la surpopulation carcérale. On compte aujourd'hui 67 161 détenus pour 57 243 places en détention. Dans ces conditions, la prison ne peut pas remplir sa mission d’insertion d’une manière efficace.

Des critiques multiples

Les établissements pénitentiaires font l’objet de plus en plus de critiques : vétusté des locaux, manque d’hygiène, oisiveté des prisonniers, insuffisance des moyens budgétaires, surpopulation dans certains établissements, concentration des détenus dans des cellules exiguës, rupture avec le monde extérieur, sorties "sèches" d’anciens détenus les conduisant à récidiver, etc.

Un taux d’occupation trop élevé

Le taux d’occupation moyen des prisons françaises est aujourd’hui de 117,3%, soit une augmentation de 4,7 % en un an. Douze établissements ou quartiers ont même un taux d’occupation supérieur ou égal à 200%.

La surpopulation des établissements pénitentiaires est régulièrement dénoncée comme une atteinte à la dignité des détenus, mais aussi comme un obstacle à l’utilité de la prison. Elle empêche de séparer les mineurs des adultes et les prévenus des condamnés. Elle interdit également toute politique sérieuse de préparation à la sortie. Faire disparaître ce phénomène est donc un impératif absolu.

Instaurer un numerus clausus

Pour lutter contre la surpopulation et ses effets néfastes, l’Institut Montaigne plaide pour l’instauration progressive d’un numerus clausus dans les maisons d’arrêt. Les maisons d’arrêt, réservées en principe aux peines de courte durée, accueillent de nombreux détenus de moins de trente ans. Cette mesure est indispensable pour permettre à l’administration pénitentiaire de remplir efficacement sa mission de réinsertion.

A ce titre, il importe également de prévoir un encellulement individuel, notamment pour les jeunes détenus (en détention provisoire ou condamnés à une courte peine) et de lutter contre l’oisiveté des prisonniers en leur proposant systématiquement un travail ou une formation.

Si la majorité des mesures proposées ont été reprises dans la loi pénitentiaire de 2009, elles ne sont pas toutes effectives sur le terrain. Un effort reste donc encore à faire pour rendre la prison – enfin – utile.

Aller plus loin :
Comment rendre la prison (enfin) utile, Institut Montaigne, 2008.

Statistiques mensuelles de la population écrouée et détenue en France, Direction de l’Administration Pénitentiaire, 1er avril 2012. (pdf)

"Prisons: la France bat un nouveau record de surpopulation carcérale", L’Express, le 13 avril 2012.

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