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04/10/2007

Ouvrir les grandes écoles d’ingénieurs à la diversité!

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 Gunilla Björner
Auteur
Ancienne responsable des relations institutionnelles de l'Institut Montaigne

Le Sénat vient tout juste de publier un rapport très intéressant intitulé "Diversité sociale dans les classes préparatoires aux grandes écoles : mettre fin à une forme de "délit d'initié" *. L'absence de diversité dans nos grandes écoles est en effet un vrai problème. Pour les élèves de "milieux modestes", intégrer ces établissements prestigieux relève d'un vrai défi. Ils ont quasiment 20 fois moins de chances d'y parvenir que les filles et les fils de "milieux favorisés" et leur représentation ne cesse de baisser depuis 30 ans.

Aujourd’hui, nos grandes écoles, en particulier les plus prestigieuses, ne reflètent guère la diversité de la société française. L'homogénéité sociale des étudiants ne fait que se renforcer. La proportion des élèves d'origine modeste dans les quatre plus grandes écoles a fortement chuté, passant de 29% au début des années 1950 à seulement 9% au milieu des années 1990. Des catégories sociales entières sont ainsi écartées de ces passerelles vers la réussite sociale. C'est une situation "perdant-perdant" : pour les élèves brillants de "milieux modestes" tout d'abord, mais aussi pour les grandes écoles qui se privent ainsi de nombreux talents.

Néanmoins, même si la situation actuelle est loin d'être satisfaisante, des initiatives méritoires ont été mises en place ces dernières années. On peut citer, à titre d'exemple, l'initiative de Sciences Po. Mais il y en a également d’autres, moins connues, mais qui sont au moins aussi intéressantes.
Alors que l’esprit de corps est très fort au sein des écoles d’ingénieurs, l’École nationale supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) a mis en place une procédure qui vise à ouvrir son recrutement prioritairement à des élèves de lycées classés en ZEP (élèves de terminale préparant un baccalauréat scientifique, technologique ou professionnel et dont les parents ont des revenus faibles). Cette procédure innovante comporte trois temps :
- la présélection en classe de terminale : l’ENSAM propose à des élèves de passer des tests qui sélectionnent des capacités intéressantes, spécifiques au profil de l’école d’ingénieur, et peu corrélées au bagage académique;
- le parachute diplômant : les élèves sélectionnés dans des lycées en ZEP suivent ensuite un cursus de préparation qui est à la fois diplômant et professionnalisant ;
- l'entrée à l'école par le concours : les élèves qui ont franchi l'étape précédente passent ensuite le concours, afin notamment d’être parfaitement reconnus par les étudiants provenant de filières dites "classiques".

Parfaitement respectueuse du modèle républicain, cette expérience mériterait d'être généralisée! C'est pourquoi l'Institut Montaigne propose d'étendre le modèle ENSAM aux écoles d’ingénieurs, en l'adaptant, bien entendu, à leurs spécificités respectives (Ouvrir les Grandes Ecoles à la diversité). Il est temps de mettre fin à la situation "perdant-perdant" actuelle pour enfin donner sa chance à chacun !

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