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30/07/2008

OMC : les négociations en pleine impasse

 Mathilde Tellier
Auteur
Chargée de communication

A Genève, les 153 pays membres de l’OMC ont débattu pendant 9 jours pour tenter de trouver un accord sur la libéralisation des échanges mondiaux. Malheureusement, les négociations, buttant sur un ultime désaccord entre les Etats-Unis et l’Inde concernant l’agriculture, n’ont abouti à rien.

Doha dans le mur

Les discussions, engagées depuis 2001 à Doha (au Qatar) se sont donc arrêtées net ce mardi, faute de consensus sur le sujet de l’agriculture. "C'est un pas en arrière pour le système du commerce international, plus grand que la perte d'opportunités commerciales", a regretté le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson. Il est vrai que la nouvelle est particulièrement mauvaise à l’heure de la hausse du baril de pétrole, des taux d’inflation et des prix alimentaires. Chaque ministre a commenté son désarroi.

Le règle de la discorde

La déception touche tout le monde si bien que chacun cherche un fautif. Ainsi, selon la Chine, cet échec serait imputable à l'égoïsme des pays riches occidentaux (parce que les Etats-Unis et l’UE n’ont pas voulu renoncer aux subventions versées à leurs agriculteurs), tandis que le Japon accuse, lui, les grands pays émergents. Quant à l’Union européenne elle a fait preuve d’une désunion marquée. La France a conduit, avec l’Italie, 9 pays à se rebeller contre les concessions cédées par P. Mandelson. Après cet échec, Anne-Marie Idrac, la secrétaire d'Etat au Commerce, remet en cause la simple possibilité de s’entendre et a même affirmé franchement qu'il faudrait désormais "tenir compte de l'absence de consensus" au sein des Etats de l’Union.

Se concentrer sur la question agricole

L’agriculture a toujours été le principal point d’achoppement dans ces négociations de commerce international. A l’Institut Montaigne nous avons largement réfléchi sur ce point. Ainsi, nous proposons de réunir au niveau international les conditions d’une concurrence plus loyale pour tous, pour enfin parvenir à des accords constructifs. Pour ce faire, il faudrait promouvoir l’harmonisation des normes sociales et environnementales, répartir plus équitablement l’effort à faire en direction des pays les moins avancés et obtenir la suppression du « marketing loan » (dispositif de prix de soutien aux agriculteurs qui, par un effet pervers, les incite à vendre sur le marché au-dessous du prix de soutien, puisque le gouvernement fédéral leur garantit de leur verser la différence) et des paiements contra-cycliques américains à l’OMC. C’est bien connu, on récolte ce que l’on sème. Et si l’on sème l’harmonisation… on récoltera à coup sûr des accords !

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