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20/05/2008

Nouvelle réforme de la PAC

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 Gunilla Björner
Auteur
Ancienne responsable des relations institutionnelles de l'Institut Montaigne

Dans le contexte de la crise alimentaire mondiale, la Commission européenne présente ses propositions pour améliorer le fonctionnement de la Politique Agricole Commune. Il règne comme une impression de déjà-vu…

Histoires de réformes

En 15 ans seulement, la PAC a connu au moins trois grandes réformes : en 1992, 1999 et tout récemment en 2003. Pourquoi recommencer maintenant ? D’abord, la réforme de 2003 avait prévu un examen à mi-parcours, et nous y sommes. Il n’est donc pas inutile de faire le point. Et puis, deuxième bonne raison de remettre l’ouvrage sur le métier, cette politique agricole nous a rendu d'immenses services dans le passé, mais elle est très coûteuse – elle engloutit à peu près 40% du budget de l’Union ! – avec des résultats qui sont loin d’être parfaits. D’ailleurs, la Commission s’est soigneusement gardée de proposer des réformes radicales à ce stade, mais on sait qu’une réforme importante de la PAC se dessine pour après 2013.

Présidence à l’horizon

La France prendra la présidence de l'Union le 1er juillet prochain, c'est donc à elle qu’incombera la difficile tâche de trouver un accord sur cette question épineuse, une question que les Français ont particulièrement à cœur. Difficile mission, car comme toujours en matière de PAC, les propositions de la Commission ne font pas l'unanimité – rappelez-vous de tous ces sommets franco-allemands qui finissent sur des bagarre de beurre ou de bananes, rappelez-vous aussi des postures extrêmes de Margaret Thatcher, mais en plus, cette fois, Paris affiche de vraies différences avec un certain nombre des mesures proposées par la Commission=,

Le découplage des aides

Par exemple le découplage des aides directes est très polémique. Concrètement, la Commission voudrait que les agriculteurs aient des subventions complètement déconnectées de leurs choix de production, alors que la France veut continuer à « orienter », à conditionner les aides à un certain nombre d’objectifs... Du coup, la Présidence française pourrait se retrouver dans une situation "délicate", puisqu’elle sera à la fois facilitateur d’un accord ET obstacle à cet accord – or, la présidence sera en grande partie jugée à nos résultats dans cette négociation agricole.

Un accord immédiat ?

Paris semble plus optimiste aujourd'hui qu'il y quelques mois, mais les divergences de vue entre la France et Bruxelles subsistent. La position maximaliste de certains de nos partenaires risque de surcroît de rendre les négociations délicates. Il faudra donc très certainement attendre la fin de la présidence française pour connaître le résultat des courses. Verdict, donc, d’ici 7 mois environ...

Le moment de réformer

De nombreuses choses doivent être améliorées dans la Politique Agricole Commune. D’ailleurs, avec la flambée des prix des produits agricoles, la conjoncture est favorable au changement. Mais en même temps, je trouve qu'on se concentre aujourd'hui un peu trop sur nos divergences intra-européenesns. Or, il faut également penser à l'image de la PAC à l'international. Notre politique agricole est souvent considérée comme l'incarnation même du "protectionnisme européen". Ce qui est faux. L'Europe est bien plus ouverte, bien plus fair-play que ne le disent ses détracteurs.

Améliorer l’image de la PAC

Par exemple, l’Europe ne contribue pas du tout à distordre les prix mondiaux comme le font les Américains avec ce qui s’appelle les marketing-loans, des prêts aux "farmers" qui exagèrent les fluctuations de cours. Autre éléments important, aucun bloc développé ne fait autant que l'Europe pour les pays pauvres en leur accordant un accès privilégié à ses marchés – l'Union est de loin le premier importateur mondial de produits agricoles venant des pays en développement. Nous avons trop largement tendance à ressasser ce qui ne va pas dans la PAC et à laisser les Américains la passer au lance-flamme sans réagir.

Je propose donc de vraiment se donner les moyens deredresser l'image de notre Politique Agricole Commune à l'international. Tout cela suppose évidemment une vraie stratégie européenne de communication sur la PAC, mais comme dit un grand marchand de shampooing, il faut le faire parce que la PAC, « elle le vaut bien ! »

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