AccueilExpressions par MontaigneLe Royaume-Uni appelle à l’action immédiate contre la RussieL'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.23/02/2022Le Royaume-Uni appelle à l’action immédiate contre la Russie Europe RussieImprimerPARTAGERAuteur Georgina Wright Directrice adjointe des Études internationales, Experte résidente Ukraine, Russie : le destin d'un conflitSelon Londres, la Russie représente la plus grande menace pour l'ordre sécuritaire de l'Europe. Pour Boris Johnson, la réponse européenne doit être ferme : soutenir l'Ukraine sur le plan politique et militaire, imposer de lourdes sanctions à la Russie en ciblant les actifs russes au Royaume-Uni, et renforcer les capacités de défense de l'Europe. Mais cette crise montre également que le Royaume-Uni continue à vouloir se porter garant de la sécurité européenne, analyse Georgina Wright, Directrice du programme Europe de l’Institut Montaigne, dans le nouvel épisode de la série Ukraine, Russie : le destin d'un conflit.Retrouvez la timeline de l’Institut Montaigne dédiée à remonter le temps et saisir la chronologie du conflit.Mardi 22 février, le Secrétaire d’État britannique à la Santé, Sajid Javid, a déclaré sur la chaîne de télévision britannique Sky News : "l'invasion de l'Ukraine a commencé". Quelques heures plus tôt, le président russe, Vladimir Poutine, signait un décret reconnaissant l'indépendance des deux républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk à l'est de l'Ukraine. À ce stade, Londres n’a plus aucun doute sur les intentions de Moscou. C’est même une évidence : la Russie a envahi l'Ukraine et l'Occident doit répondre rapidement et avec force. La stratégie du Royaume-Uni s’illustre en plusieurs volets : d’une part, continuer à soutenir l'Ukraine sur le plan diplomatique et militaire, de l’autre, renforcer l'OTAN et imposer des sanctions à la Russie et à certains de ses ressortissants.La crainte du Royaume-Uni selon laquelle la Russie serait devenue une grande menace pour la sécurité européenne n’est pas nouvelle. Des événements récents, tels que l'empoisonnement des Skripal à Salisbury, ou encore l'emprisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, ont poussé le Royaume-Uni à adopter une position bien plus ferme à l’égard de Moscou que certains voisins européens. Dans son Integrated Review de mars 2021 - la stratégie du gouvernement britannique pour la politique étrangère britannique à l’horizon 2030 - Londres a qualifié la Russie de "menace directe la plus importante" pour la sécurité de la Grande-Bretagne et de l'Europe. En outre, le Royaume-Uni souhaite que le nouveau Concept stratégique de l'OTAN, qui sera publié dans le courant de l'année, s'écarte du Concept stratégique de 2010, qui préconisait des relations plus coopératives entre l’OTAN et la Russie. Selon Londres, l’Alliance devrait plutôt concentrer ses efforts sur le partage de renseignements et le renforcement des capacités militaires. En janvier 2022, le Royaume-Uni a insisté sur le fait que l'Occident ne pouvait pas se permettre d’attendre que la situation évolue le long de la frontière entre la Russie et l'Ukraine. À l'instar des États-Unis, le gouvernement britannique estimait qu'il existait une très forte probabilité que Poutine autorise une invasion - et que l'Occident devait se préparer à cette éventualité.En janvier 2022, le Royaume-Uni a insisté sur le fait que l'Occident ne pouvait pas se permettre d’attendre que la situation évolue le long de la frontière entre la Russie et l'Ukraine.La réponse de Boris Johnson s'est concentrée sur quatre éléments : le soutien politique et militaire à l'Ukraine (le Royaume-Uni a envoyé pour la première fois des armes antichars à l'Ukraine le 17 janvier 2022) ; la dissuasion, en renforçant l'OTAN ; le dialogue, en soutenant les pourparlers entre les États-Unis et la Russie, les discussions au sein de l'OTAN, de l'OSCE et du format Normandie, tout en préconisant aussi le dialogue direct avec l'Ukraine et la Russie ; la condamnation de la désinformation russe.Le rythme des consultations avec les alliés occidentaux, notamment les États-Unis, la France et l'Allemagne, s'est accéléré vers la fin du mois de janvier. Ces consultations se sont même élargies à l'échelon européen. Lundi 21 février, la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, s'est entretenue avec le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, au sujet des sanctions contre la Russie. À son tour, le Premier ministre Boris Johnson s'est rendu en Ukraine le mardi 1er février. Entre-temps, Liz Truss a rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov le 10 février à Moscou. Toutefois, sa visite s’est conclue par une conférence de presse éprouvante au cours de laquelle Lavrov l'a traité de "poids plume ignorant qui passe trop de temps sur les réseaux sociaux". Le lendemain, le Secrétaire d’État britannique à la Défense, Ben Wallace, s'est également rendu à Moscou.Le Royaume-Uni discute actuellement des sanctions contre la Russie en étroite coordination avec les États-Unis et l'UE. Le mardi 22 février aux aurores, le Premier ministre a convoqué des ministres et fonctionnaires pour une réunion d'urgence à ce sujet. Mardi après-midi, il a annoncé de nouvelles sanctions contre cinq banques russes et trois milliardaires proches de Vladimir Poutine. Ces mesures font suite à l'adoption par le Royaume-Uni de nouvelles sanctions au début du mois. D’autres devraient suivre.Le Royaume-Uni discute actuellement des sanctions contre la Russie en étroite coordination avec les États-Unis et l'UE.La Grande-Bretagne a également menacé de priver les entreprises russes de la possibilité de lever des fonds à Londres, et de "faire la chasse" à l'argent russe au Royaume-Uni. Le Royaume-Uni a d’ores et déjà gelé les actifs de cinq banques russes et d’autres décisions de ce genre pourraient avoir des conséquences considérables : selon S&P Global, une société de données spécialisée dans l'information et l'analyse financières, 31 sociétés russes sont cotées à la Bourse de Londres, avec une valeur combinée de 468 milliards de livres. En 2020, Transparency International a également estimé que plus de 2 milliards de dollars d'argent russe illicite ont été investis sur le marché immobilier britannique. Le propre parti politique du Premier ministre aurait accepté des dons d'environ 2 millions de livres sterling de la part d'individus liés à la Russie après que Boris Johnson soit devenu Premier ministre.À plus long terme, le Royaume-Uni souhaite collaborer avec les pays occidentaux dans une optique de renforcement des capacités de défense des Européens afin de faire face aux incursions militaires et aux menaces hybrides. Cela implique évidemment de travailler avec ses partenaires pour lutter contre la désinformation au Royaume-Uni et à l'étranger. Toutefois, depuis le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, l’influence de Londres sur les décisions des 27 s’est plus qu’amoindrie.La manière dont l'Occident répondra aux actions de Poutine sera déterminante pour l'Ukraine mais aussi pour l'avenir de l'Europe. Le Royaume-Uni, seul autre pays européen avec la France à disposer d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, se considère comme le garant de la sécurité européenne. Il souhaite réagir rapidement et fermement à la crise, notamment en luttant contre l'argent russe illicite dans le pays. Londres s'est montrée capable et désireuse de travailler avec ses partenaires européens sur la dissuasion et le renforcement de la capacité d'action de l'Europe. Il faut espérer que ce modèle de coopération pourra être reproduit. Copyright : Sergei SUPINSKY / AFPImprimerPARTAGERcontenus associés 22/02/2022 Ukraine : le moment "euromissiles" d’Emmanuel Macron Michel Duclos 09/02/2022 Emmanuel Macron sur la corde raide russo-ukrainienne Michel Duclos