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18/09/2008

Ils sont tombés sur la tête (les morceaux de plafond du Parlement européen) !

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 Gunilla Björner
Auteur
Ancienne responsable des relations institutionnelles de l'Institut Montaigne

Pour varier un peu des analyses sur les marchés financiers, revenons sur une étrange et éclairante anecdote estivale où il est question du Parlement européen.

Les étoiles à ciel ouvert
Rappelons tout d’abord les faits : un joli morceau de 10 tonnes du plafond de l’hémicycle est tombé pendant l’été à Strasbourg. Heureusement, personne n’était dessous, mais, conséquence directe de l’incident, deux séances initialement prévues à Strasbourg ont dû être délocalisées à Bruxelles (où, comme vous le savez, il y a un autre hémicycle pour le Parlement).

Une sacrée économie
C’est surtout la suite des évènements qui fait l’intérêt de l’anecdote, car 3 millions d’euros ont été économisés, cela tout simplement parce que les députés et leurs équipes ont eu deux voyages de moins à faire…

Chers déplacements
Effectivement, une fois par mois, les 785 députés européens quittent Bruxelles (où ils demeurent la plupart du temps) et partent tous à Strasbourg. Mais ce n’est pas tout. Ils font ces trajets avec leur personnel et des camions entiers de documents de travail. Sans compter que ce circuit a lieu chaque mois, pour une petite semaine, avant que tout le monde ne revienne à Bruxelles pour trois semaines ! Ce mouvement de foule parlementaire nous coûte la bagatelle de plus de 200 millions d’euros par an, auxquels s’ajoute évidemment la fatigue inutile des équipes et la désorganisation du travail.

Grouper les troupes
De toute évidence, le Parlement européen mérite mieux que ces navettes absurdes. Non seulement c’est un immense gaspillage, mais c’est aussi tout simplement assez ridicule, à bien y réfléchir. A l’Institut Montaigne, nous proposons depuis 2005 d’abolir la fiction du parlement de Strasbourg et de faire siéger le Parlement à Bruxelles, puisqu’il y est déjà presque à plein temps (regardez cette séquence vidéo que nous avions créée à ce propos).

A Strasbourg ou à Bruxelles
A la fois, ce serait là un coup dur pour Strasbourg ! Pourquoi, dès lors, ne pas faire toutes les séances à Strasbourg, plutôt qu’à Bruxelles ? L’important, c’est qu’il n’y ait plus qu’un seul site, où qu’il soit. D’ailleurs, hier, un député européen allemand a proposé que toutes les séances aient lieu à Strasbourg. Mais à part ce député et les Français, bien sûr, presque tous les eurodéputés plaident pour Bruxelles. On peut les comprendre : la Commission étant à Bruxelles, il serait logique qu’on y mette le Parlement !

Capitale universitaire
Il n’est pour autant pas question de rayer Strasbourg de la carte européenne ! De nombreuses possibilités sont envisageables. On pourrait, par exemple, installer dans ce bâtiment le premier centre universitaire européen d’excellence ou bien un centre de recherche technologique. Strasbourg deviendrait alors une sorte de « capitale » européenne universitaire. Et puisque la tradition universitaire locale est très forte, ce choix paraît des plus logiques.

Eric Rohmer avait mis le proverbe suivant en exergue d’un de ses films : « Qui a deux maisons, il perd la raison ! ». Et chacun sait que pour être efficace et bien dans sa peau, il est nécessaire de savoir où l’on habite – et ceci vaut aussi bien pour vous et pour moi que pour un parlement !

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