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03/12/2019

[SONDAGE] - Comment les Français perçoivent-ils la réforme des retraites ?

[SONDAGE] - Comment les Français perçoivent-ils la réforme des retraites ?
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne

Tous les mois, l'Institut Elabe interroge les Français pour Les Echos, l'Institut Montaigne et Radio Classique, ce mois-ci la question posée portait sur les Français et les mobilisations sociales.

Les Français partagés sur l'efficacité du système actuel

55 % des Français considèrent que, d’un point de vue financier, le système actuel de retraites ne peut pas continuer à fonctionner dans les années à venir (19 % certainement pas et 36 % probablement pas), 34 % estiment le contraire (10 % certainement et 24 % probablement), et 11 % ne savent pas. La plupart des catégories sociales de la population estime majoritairement que d’un point de vue financier, le système actuel de retraites ne peut pas continuer à fonctionner dans les années à venir, sauf les 18-24 ans (46 %) et les catégories sociales populaires (46 %).

Politiquement, cette question polarise les électorats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2017. D’un côté les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron sont plus des deux tiers à estimer que le système actuel des retraites n’est pas soutenable financièrement, respectivement 70 % et 69 %. Et d’un autre côté, les électeurs de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon qui considèrent majoritairement que le système actuel de retraites peut continuer de fonctionner financièrement dans les années à venir, respectivement 55 % et 54 %. Entre les deux, les électeurs de Marine Le Pen sont plus partagés (49 % considèrent que le système actuel ne peut pas continuer à fonctionner financièrement, 36 % qu’il peut continuer à fonctionner financièrement et 15 % ne savent pas).
 

Plus les Français sont âgés, plus ils considèrent que les actifs devront travailler longtemps.

57 % des Français jugent que dans les années à venir les actifs devront travailler plus longtemps, 34 % qu’ils devront travailler la même durée qu’aujourd’hui, 8 % moins longtemps et 1 % n’ont pas d’opinion.

L’opinion des Français sur cette question est corrélée avec leur âge, plus on est âgé et plus on considère que les actifs devront travailler plus longtemps : cette opinion est celle de 42 % des 18-24 ans, de 53 % des 25-49 ans, de 58 % des 50-64 ans et de 70 % des personnes âgées de 65 ans et plus. Les 18-24 ans sont aussi 43 % à estimer que les actifs devront travailler la même durée qu’aujourd’hui.

Même constat de corrélation au sein des catégories sociales d’actifs : les ouvriers sont 47% à considérer que les actifs devront travailler plus longtemps, les employés 52%, les professions intermédiaires 55% et les cadres et professions intellectuelles supérieures 70 %.

Les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron estiment très majoritairement que les actifs devront travailler plus longtemps, respectivement 80 % et 67 %. Les électeurs de Marine Le Pen sont une légère majorité à partager ce point de vue (55 %), alors que les électeurs de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon sont plutôt partagés (respectivement 48 % et 41 % considèrent que les actifs devront travailler plus longtemps, et 47 % et 45 % estiment que les actifs travailleront la même durée qu’aujourd’hui.
 

Près de deux tiers des Français sont favorables à la création d’un système universel de retraite

64 % des Français sont favorables au principe création d’un système universel de retraite par points pour les salariés du public, les salariés du privé et les indépendants (-3 points par rapport à l’étude ELABE du 4 avril 2019 pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne) et 35 % y sont opposés (+2 points).

Dans le détail, 22 % y sont très favorables (+5 points), 42 % plutôt favorables (-8), 21 % plutôt opposés (=) et 14 % très opposés (+2).

Mis à part les salariés du secteur public qui ne sont "que" 45 % (=) à être favorables à cette réforme, l’ensemble des catégories sociales de la population approuve la création d’un système universel de retraite par points. Ce soutien est particulièrement prononcé chez les retraités 72 % (-3).

Politiquement, les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron sont très majoritairement favorables au principe d’un système de retraite universel, respectivement 84 % (-6) et 80 % (-1). Alors que les autres électorats sont plus partagés : les électeurs de Benoît Hamon y sont favorables à 55 % (-11) et opposés à 45 %, ceux de Jean-Luc Mélenchon 50 % (=) favorables et 49 % opposés, et ceux de Marine Le Pen 46 % (-9) favorables et 54 % opposés.
 

Les Français craignent avant tout de travailler plus longtemps

Interrogés sur les inconvénients de la réforme des retraites prévue par l’exécutif, les Français ont cité les arguments suivants :

  • Il faudra travailler plus longtemps : 72 % de citations (-2 points par rapport à l’étude ELABE pour BFMTV du 2 octobre 2019) dont 30 % en 1er, ce sont les habitants des agglomérations de 20 000 à 100 000 habitants (79 %), les salariés du secteur public (78 %), les électeurs de Marine Le Pen (78 %) et les catégories sociales populaires (77 %) qui citent le plus cet inconvénient.
  • Le montant des pensions de retraites va diminuer : 70 % de citations (+2 points) dont 28 % en 1er, ce sont les électeurs de Marine Le Pen (81 %), de Benoît Hamon (79 %) et les salariés du secteur public (75 %) qui citent le plus cet argument.
  • Il faudra faire de plus en plus appel à des organismes privés pour préparer sa retraite : 46 % de citations (-8 points) dont 15 % en 1er, ce sont notamment les électeurs de Benoît Hamon (60 %), les personnes vivant dans l’agglomération parisienne (52 %) et les 50-64 ans (51 %) qui citent le plus cet inconvénient.
  • On ne saura qu’au dernier moment le montant de la pension de retraite : 42 % de citations (-1 point) dont 14 % en 1er.
  • Les régimes spéciaux vont disparaître : 27 % de citations (+1 point) dont 9 % en 1er.

Seuls 4% des Français estiment que la réforme prévue n’a aucun inconvénient (=).
 

L’argument d’une plus grande égalité progresse dans l'esprit des Français.

Interrogés sur les avantages de la réforme des retraites prévue par l’exécutif, les Français ont cité les avantages suivants :

  • L’unification des régimes de retraites permettra une plus grande égalité : 46% de citations, +7 points par rapport à l’étude ELABE du 3 juillet 2019 pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, dont 25% en 1er, ce sont notamment les électeurs de François Fillon (65 %) et d’Emmanuel Macron (58 %) au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 qui citent le plus cet avantage.
  • Les travailleurs pourront choisir librement s’ils veulent travailler moins ou plus, grâce à la mise en place d’un âge d’équilibre : 36 % de citations, -10 points, dont 11 % en 1er, ce sont notamment les électeurs de François Fillon (47 %) qui citent le plus cet avantage
  • La réforme permet de maintenir un système de retraites solidaire : 32 % de citations, -4 points, dont 10% en 1er, ce sont notamment les électeurs d’Emmanuel Macron (47 %) et de François Fillon (39 %) qui citent le plus cet avantage.
  • L’âge légal de départ à la retraite restera inchangé à 62 ans : 31% de citations, -8 points, dont 14 % en 1er, ce sont notamment les 18-24 ans (44 %) qui citent le plus cet avantage.
  • L’équilibre financier des retraites sera préservé : 30 % de citations, -4 points, dont 10 % en 1er, ce sont notamment les électeurs d’Emmanuel Macron (47 %) qui citent le plus cet avantage, ainsi que les 18-24 ans (38 %) et les personnes âgées de 65 ans et plus (37 %).
  • Le système de retraites et le calcul des pensions sera plus facilement compréhensible : 26 % de citations, -3 points, dont 9 % en 1er.

Pour 21 % des Français (+1 point), et notamment chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (35 %), de Marine le Pen (34 %) ainsi que pour les employés(27 %) et les salariés du secteur public (30 %), cette réforme des retraites n’a aucun avantage.
 

 

Consultez l'intégralité de l'étude

 

Copyright : Joël SAGET / AFP

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