On n’attendait à peu près rien du sommet Europe-Chine virtuel du 22 juin 2020, soudainement avancé et prévu pour être expédié en quelques heures. Toute l’année, la spéculation était allée bon train sur "l’autre" sommet, cette rencontre des 27 avec les dirigeants chinois qu’avait voulue Angela Merkel. Prévue les 14 et 15 septembre à Leipzig, elle risquait de voler la vedette au sommet régulier. À Bruxelles, on s’inquiétait même du risque d’une négociation au rabais, parce qu’Angela Merkel aurait souhaité marquer sa présidence de l’UE par un grand accord scellant une entente économique de l’Europe avec la Chine. Les critiques fusaient d’ailleurs en Allemagne même, reprochant à Mme Merkel d’être souvent prisonnière d’intérêts commerciaux de court terme.
Or il n’en a rien été. L’Europe a fait volte-face, et la présidence allemande qui commence dans quelques jours a joué un rôle en ce sens. Bien sûr, le Covid n’y est pas pour rien, rendant difficile toutes les négociations et permettant le cas échéant aussi de les éviter. Depuis le sommet avec l’UE de juin 2019, la Chine n’a avancé dans aucune de celles-ci, hormis l’ébauche d’un maigre accord sur les Indications Géographiques Protégées, qui n’est même pas signé. Et ce malgré les protestations de bonne volonté. On peut spéculer sur les raisons – volonté de traiter avant tout avec les États-Unis, ou refus, derrière les faux-semblants, de toute réforme de structure de l’économie chinoise.
Pendant ce temps, les sujets de divergence avec la Chine se sont multipliés. L’Europe a d’abord paru hésiter, envoyant des signaux qui ont pu paraître contradictoires.
Elle a adopté une approche défensive fondée sur les investissements, les technologies, les télécoms et la 5G, avec des ralliements inédits de pays de l’Europe du Nord à cette approche qu’ils récusaient auparavant, et même l’apparition d’une politique industrielle.
Mais il restait la question des dialogues, de la coopération en matière de paix et de sécurité adoptée formellement en 2013 comme "pilier" des relations UE-Chine, de l’espoir de rallier concrètement la Chine à un multilatéralisme effectif – climat, développement durable et dette africaine, et aussi vaccins et coopération sanitaire.
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