En se basant sur la feuille de route des acteurs industriels "Waypoint 2050", le rapport identifie quatre leviers prioritaires : les développements technologiques (correspondant à 34 % de l’effort de décarbonation nécessaire), l’optimisation des opérations en vol et au sol (7 % de l’effort de décarbonation), les carburants d’aviation durable (53 % de l’effort de décarbonation) et les mesures de compensation (6 % de l’effort de décarbonation).
Le rapport axe donc en priorité la trajectoire de décarbonation sur les développements technologiques, dont il préconise la poursuite des améliorations incrémentales de réduction de la consommation de kérosène et le maintien de la dynamique d’investissement sur les technologies de rupture (les nouvelles motorisations, l’avion fonctionnant à hydrogène…), ainsi que la préparation des modèles de certification pour ces nouvelles technologies. Surtout, le levier principal de décarbonation repose sur le développement de l’utilisation des carburants d’aviation durables, biocarburants (issus de la biomasse : cultures agricoles, résidus de l’activité humaine…) et carburants de synthèse (obtenus par un procédé industriel combinant le CO2 capté dans l’air et l’hydrogène), qui représentent l’essentiel de la décarbonation pour les vols long courriers.
Cependant, et comme le rappelle le rapport de l’Institut Montaigne, les biocarburants présentent des limites de disponibilité pour le transport aérien importantes, ce qui amène à considérer les carburants de synthèse comme la voie privilégiée pour décarboner le secteur. En outre, le développement de cette voie représente une opportunité à court-terme pour stimuler la filière hydrogène (il convient d’ailleurs de rappeler que la France consacre une enveloppe de 7 milliards d’euros jusqu’en 2030 pour le développement de l’hydrogène décarboné). Or, le procédé de fabrication des carburants de synthèse nécessite des quantités importantes d’énergie électrique décarbonée. C’est donc l’ensemble du système de production d’électricité mondial qui doit être réexaminé à la lumière de ce défi énergétique et faire l’objet d'investissements en conséquence, avec une anticipation suffisante des besoins futurs. Selon le rapport de l’Institut Montaigne, le niveau d’investissement requis est de l’ordre de 1000 milliards de dollars par an d’ici à 2050 pour la décarbonation de l’ensemble des transports, un montant accessible si des mesures volontaristes sont mises en place, à travers une action coordonnée des États, des producteurs d’énergie électrique, et des acteurs du secteur.
La prochaine étape pour la décarbonation du transport aérien devra donc être, au-delà des engagements affichés pour la neutralité carbone, la définition et l’adoption d’une feuille de route commune partagée par l’ensemble des États et des acteurs du secteur aéronautique au niveau mondial, avec une attention particulière à l’investissement pour les énergies électriques décarbonées, ce qui implique pour les États d’assumer un rôle majeur dans cette transition.
Copyright : Stefani Reynolds / AFP
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