À cette nécessité du mouvement s’en ajoute une autre, plus profonde : apporter une réponse à la crise profonde et durable que traversent nos démocraties, la défiance à l’égard des politiques, la montée des populismes, réconcilier le pouvoir et le peuple, les élites et les citoyens.
Le grand débat national ne saurait évidemment y parvenir à lui seul. Il pourrait, s’il réussit, constituer les premières marches de ce grand escalier si difficile à construire.
Quels sont les critères qui permettront de parler d’un succès ou d’un échec ?
Il est délicat de répondre à cette question, précisément faute de précédents. Rappelons d’abord quelques conditions de la réussite :
- que toutes les questions puissent être évoquées – tel est le cas, cela a été dit et répété ;
- que toutes sortes de leaders d’opinion acceptent le grand débat, y participent et appellent à y participer. Tel semble le cas, seule La France Insoumise et nombre de gilets jaunes appellent plus ou moins ouvertement à le boycotter ;
- que le pouvoir politique tienne compte du débat lorsqu’il s’achèvera. Cela a été compris dans ses presque sept heures de face-à-face avec six cents maires à Bourgtheroulde ce mercredi 16 janvier, le président de la République a envisagé que sautent demain les deux derniers verrous, le sien – l’ISF – et celui du Premier ministre, la limitation de vitesse à 80 km/h.
Le succès est donc possible. Quels en seront les critères ? D’abord, l’ampleur de la participation. Inférieure à celle des gilets jaunes – disons 400 000 personnes en prenant le pic du 17 novembre : ce serait un échec. Supérieure à un ou deux millions : on pourrait parler de succès.
Au critère quantitatif s’en ajoute un qualitatif : liberté des débats, absence d’instrumentalisation massive par un parti ou un lobby, ou autre.
Au-delà du débat lui-même, sa vraie, sa profonde réussite serait qu’il ait permis de répondre aux deux raisons qui l’ont créé : une sortie de la crise des gilets jaunes, une entrée vers un tout début de réconciliation entre les Français et leurs élites.
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