L'évaluation, par les Français, de la gestion de la crise par le gouvernement constitue l’une des principales différences avec les autres pays européens : si la confiance globale a un peu augmenté dans les dirigeants de l’exécutif, l’évaluation spécifique de gestion de la crise reste en France très négative. Dans l’enquête cette année, la France reste parmi les quatre pays étudiés celui où l'évaluation de l’action de l’exécutif est la plus basse. En Allemagne ainsi qu’en Angleterre, on a une évaluation moins bonne que l’an dernier mais il s’agit simplement d’un effet de la durée de la crise et le différentiel avec la France reste très important. Emmanuel Macron n’est pas parvenu, pour le moment, à regagner du terrain par rapport à ses homologues britannique et allemand qui restent nettement plus crédités que lui de leur action pendant la crise.
Les raisons en sont multiples. On peut expliquer la particularité de la situation dans laquelle se trouve l’exécutif français par trois facteurs principaux :
- L’accumulation de crises vécues en France depuis la crise des Gilets Jaunes, qui n’a pas d’équivalent en Europe. Les Français ont commencé à regarder la crise sanitaire en ayant déjà en mémoire les Gilets Jaunes, ainsi que la crise des retraites. Cette succession de crises joue un rôle de filtre perceptif négatif sur l’action de l’exécutif.
- L’exécutif français reste un exécutif en popularité minoritaire. On observe toujours davantage de Français qui se déclarent insatisfaits de l’action du président de la République.
- Il n’est pas impossible que les problèmes très importants d’organisation et de communication au début de la crise comme la question des masques ou l’échec de l’isolement des personnes contaminées aient laissé une trace très prégnante dans la manière dont les Français perçoivent l’exécutif : un exécutif dans l’impréparation, qui s’est laissé surprendre.
Cette accumulation d’éléments de court-terme et de long-terme explique que les Français perçoivent la gestion de la crise de manière bien plus négative que leurs homologues européens.
Comment peut-on expliquer que ce sentiment de défiance soit supérieur en France face à la campagne de vaccination ? Est-ce le résultat d’un manque de transparence de la stratégie vaccinale ?
La première explication est celle du syndrome de défiance français. Il s’agit d’un manque de confiance sociale (soit la confiance que l’on a dans les autres) : cette confiance sociale est déjà inférieure par rapport aux trois autres pays étudiés. L’insatisfaction sur le système de prise de décision en France est un autre ressort explicatif de la moindre propension des Français à vouloir se faire vacciner. Le faible taux d’intention de se faire vacciner que nous constatons (49 %) en France, ne peut s’expliquer, en comparaison avec les autres européens également très touchés par la crise et les confinements, que par un effet en ricochet de cette défiance politique et sociale.
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