Dans chacun de ces pays, cette volonté politique n’a pu prendre corps qu’en s’appuyant sur une organisation de l’action publique alliant souplesse et efficacité, utilisant toutes les potentialités du numérique, et s’appuyant sur la force du secteur privé. Qu’il s’agisse de l’opération Warp Speed américaine, de la Vaccine Taskforce britannique, ou de l’effort de vaccination israëlien, on retrouve les mêmes facteurs de succès : la diversité des expertises et des profils réunis dans un même effort collectif, la capacité à mobiliser l’ensemble des départements ministériels grâce à une organisation transversale, et la volonté de s’appuyer largement sur les acteurs privés les plus efficaces pour atteindre des objectifs clairement définis par la puissance publique et partagés avec le public dans un effort de communication mené d’un bout à l’autre de l’opération.
Reconstruire une ambition politique nationale
En France aussi, on a pu assister à un retour du politique, mais sous la forme d’une mise à distance d’une expertise médicale parfois jugée envahissante. Après une phase où le Conseil scientifique a pu incarner une forme de pouvoir parallèle, Emmanuel Macron a clairement envoyé le signal d’une primauté du politique, garant des équilibres de la nation, et des choix dont il aura à porter la responsabilité. C’est le cas, par exemple, de la décision de maintenir ouverts les établissements scolaires. La séquence actuelle en est le reflet : après un rapport du Conseil scientifique communiqué le 11 mars, et une réunion entre le président de la République et certains de ses membres hier, c’est en dehors de la présence des experts que le président, entouré de quelques ministres et hauts fonctionnaires, a pris de nouvelles décisions lors du Conseil de défense sanitaire de ce matin, mercredi 17 mars.
Mais si la gestion de l’épidémie est bien politique, le Conseil de défense est-il encore le cadre le plus adapté à cette prise de décision ? Plus d’un an après le début de la pandémie, est-il encore pertinent de recourir aux outils et aux concepts de la "gestion de crise" et n’est-il pas urgent de retrouver tous les outils du débat et de la décision publiques ? La question pourrait sembler technique, mais elle ne l’est pas, ou plutôt elle pose précisément la question du rapport du technique et du politique dans notre système d’action publique. Un nombre limité de participants qui peuvent faire le point, entre eux, sur la situation, examiner toutes les options possibles à l’abri des indiscrétions, trancher en faveur de la solution qui paraît la meilleure ou la moins mauvaise, autant d’éléments qui justifient, techniquement, un format qui semble avoir fait la preuve de son efficacité depuis un an.
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