Les modérés avaient déjà été les victimes du renversement de la politique américaine sous Donald Trump. L'accord sur le nucléaire signé à Vienne en 2015 avait été présenté aux Iraniens comme un succès de la diplomatie patiente et rationnelle du président Rohani et de son ministre des affaires étrangères, Mohammad Zarif. Cet accord avait donné lieu, dans les rues de Téhéran et de plusieurs autres villes, à une explosion de joie de la part des éléments les plus jeunes, éduqués, bref modernes, de la population. En sortant unilatéralement de l'accord de Vienne en 2017, en durcissant le régime de sanctions à l'encontre de l'Iran, Donald Trump a délibérément fait le jeu des éléments les plus durs du régime. Les élections présidentielles du 18 juin seront le legs direct, sinon la marque de fabrique, de la présidence Trump.
"Alliance des Despotismes"
Pour les forces "modérées", ce mélange de sanctions américaines renforcées et de Covid-19, avec leurs conséquences économiques catastrophiques, et d'encouragement au durcissement du régime venu de Chine et de Russie, est tout simplement "trop". Et il n'a pas été possible à l'administration Biden de changer de cap de manière assez rapide pour pouvoir affecter le cours des élections iraniennes. Cela d'autant moins que le pouvoir iranien à son plus haut niveau, celui de l’ayatollah Ali Khamenei, ne souhaitait pas faire preuve de souplesse.
À Téhéran, à tort ou à raison, on tire les leçons de l'évolution géopolitique de la région. Moins d'Amérique, plus de Chine, plus de Russie. L'Iran a le sentiment d'avoir des alternatives : des débouchés pour ses hydrocarbures en Chine, un partenariat stratégique toujours plus étroit avec la Russie.
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