Alors, les États-Unis sortiront-ils affaiblis de la crise ? Oui si l’on croit qu’il fallait un leader dans la crise et que c’était aux États-Unis de prendre ce rôle (malgré l’isolationnisme revendiqué de Trump). Non, si l’on regarde la réalité : cette crise n’a pas besoin de leader, Trump mène sa politique, le pays a réagi avec ses fondamentaux et s’en sortira plus vite et en meilleur état que le reste du monde, grâce notamment à ses entreprises, son goût du risque et son optimisme immuable. Et bien sûr son armée qui reste pour longtemps la plus puissante du monde.
Reste l’Europe. Décriée, fragmentée, inefficace. Que n’a-t-on pas dit ! Par exemple en Italie où l’on s’est plaint de l’égoïsme allemand, de la suffisance française, du manque de solidarité néerlandais, de l’inefficacité de Bruxelles. Quel bilan pour l’Europe pourtant ? Sur le plan sanitaire : rien. Mais, on l’a dit, il n’y avait pas grand-chose à attendre d’une organisation supra-nationale dans la gestion sanitaire de la crise. Pour le reste, une très rapide réponse financière de la Banque centrale mais aussi des États avec l’activation facilitée du mécanisme européen de stabilité et l’endettement conjoint de tous les États européens, l’Allemagne montrant l’exemple en s’endettant plus que les autres. Et l’Italie en profitant : son spread a très peu bougé.
Sur le plan opérationnel, ceux qui attendaient que tel ou tel pays fasse don de son stock de masques et de principes actifs à son voisin au nom de la solidarité européenne n’ont pas compris qu’il ne s’agissait pas d’une crise financière (on peut prêter de l’argent à son voisin voire lui en donner) mais d’une crise sanitaire : on garde les dispositifs médicaux dont a besoin sa population, sauf si l’on est sûr d’avoir des stocks très largement excédentaires. Donc pas de respirateurs allemands en France ou en Italie mais des lits d’hôpitaux sans difficulté (plus de 200 patients européens ont été accueillis en Allemagne et Berlin va prendre en charge le coût intégral de leur traitement). Pourquoi ? Parce que le pays et surtout ses Länder savaient qu’ils avaient en la matière une capacité excédentaire.
Quelle va être la conséquence pour l’Europe de l’épidémie de Covid-19 ? À l’évidence, une aggravation de la fracture entre le Nord et le Sud de l’Union. L’Allemagne, l’Autriche, les pays du Nord, les Pays-Bas, ont été touchés par le virus plus tard que le Sud, et l’ont ainsi mieux géré que l’Italie, la France et l’Espagne. Ensuite, la capacité industrielle allemande a permis de faire fabriquer des tests à profusion, dans des volumes infiniment supérieurs à la France par exemple (mais pas des masques, l’industrie textile a disparu elle aussi d’Allemagne). Enfin, la gestion décentralisée de la santé au niveau des Länder a probablement facilité la gestion de l’épidémie dans un pays plus âgé que la France où le nombre de lits de réanimation est plus important.
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