Au Kenya, le gouvernement doit augmenter rapidement sa capacité d’accueil hospitalier, notamment des soins intensifs. On estime que l’épidémie se propagera véritablement à grande échelle dans le pays d’ici deux à quatre semaines. Une mobilisation générale urgente est donc nécessaire, à la fois de la part du gouvernement, mais également du secteur privé, des fabricants, du secteur informel, des informaticiens, etc, pour préparer le pays et le système de santé à cette vague. Outre le système de santé, des actions doivent également être mises en œuvre pour assurer le maintien des services essentiels du pays, pour garantir son bon fonctionnement pour faire face à l’épidémie.
Quel rôle les nouvelles technologies peuvent-elles jouer dans le domaine de la santé pour faire face plus efficacement à la pandémie ?
Tout d’abord, au Kenya, il existe un système de microfinancement et de transfert d’argent par téléphone mobile très répandu, le M-Pesa, qui est en soi un geste barrière car il renforce la distanciation sociale par rapport aux paiements en espèces.
Ensuite, les nouvelles technologies sont utilisées pour tracer les personnes entrées en contact avec des individus infectés (contact tracing). Il est réalisé en partie grâce aux technologies de triangulation des données de télécoms. Il permet d'avertir d'une exposition potentielle à un malade atteint du Covid-19 afin d’encourager les personnes contactées à se mettre en quarantaine par eux-mêmes, tout en surveillant l'apparition d'éventuels symptômes. À titre d’exemple, deux jeunes ingénieurs informaticiens ont développé une application pour aider le gouvernement à retrouver les personnes qui sont entrées en contact avec des individus infectés dans les transports en commun.
En outre, Ushahidi, la plateforme kényane de crowdsourcing par SMS est utilisée depuis 2008 dans les cas de crise ou de catastrophe. Elle est désormais exploitée partout dans le monde pour accompagner l’action professionnelle et civique contre la pandémie en collectant des informations sur les endroits où les cas de Covid-19 sont élevés, notamment pour signaler les cas de personnes vulnérables et isolées. Cela permet ainsi aux communautés de s’organiser pour cibler leurs ressources et leur aide vers ceux qui en ont le plus besoin.
Enfin, les chercheurs kenyans ont recours au machine learning pour analyser les méga-données provenant des réseaux sociaux et évaluer le niveau d'information (ou de désinformation) des internautes concernant le Covid-19. Cela permet de mieux cibler les campagnes de communication et faire face aux infox.
Quelles leçons les autorités pourraient tirer de la crise, afin de repenser le système de santé kenyan après la pandémie ?
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