Néanmoins, du côté de la consommation, Li Xunlei souligne une tendance à la baisse de sa croissance. Si en 2018 les ventes au détail de biens de consommation ont augmenté de 9 % environ, le taux de croissance moyen constaté au premier semestre de 2019 est, lui, tombé à 8,4 %. Quant à la croissance des ventes au détail de biens de consommation, elle a atteint 9,8 % en juin, un chiffre à attribuer à l'industrie automobile[6]. Les autres taux de croissance en matière de consommation, y compris dans le secteur des services, se sont avérés faibles. À titre d’illustration, l'indice des prix à la consommation du secteur des services est passé de 3 à moins de 2 %.
Notre second analyste pense que le manque d'optimisme perçu chez les consommateurs peut s’expliquer par la stagnation du revenu disponible des ménages chinois. Li Xunlei constate une grande similarité entre la tendance de la croissance des revenus et celle des ventes de biens de consommation. Toutefois, alors qu'en 2018, le revenu disponible par habitant parmi les catégories sociales à revenus élevés avait augmenté de 8,8 %, les catégories à revenus intermédiaires n'ont connu qu’une hausse de 3,2 %. En tenant compte de l'inflation, la croissance des revenus de ces catégories est donc quasiment nulle. Si l’on en croit Zhang Deyong, c'est la principale raison de la lenteur de la progression de la consommation intérieure. En outre, la structure de la consommation a pu être marquée par une certaine divergence, la consommation de biens haut de gamme et de produits de luxe ayant ainsi, par contraste, augmenté rapidement.
Deuxièmement, le taux de croissance des investissements dans le secteur manufacturier, à destination des actifs immobilisés, est tombé à 3 % au cours du premier semestre de 2019. Selon Li Xunlei, cette évolution indique que le ralentissement des investissements dans le secteur industriel est fortement lié à la timidité de la demande intérieure et à la hausse des coûts de la main-d'œuvre. Le taux de croissance de l'investissement immobilier a quant à lui grimpé à 10,9 %, devenant ainsi le principal facteur de stabilisation de la croissance de l'investissement dans les actifs immobilisés. Quant au taux de croissance des investissements dans les infrastructures, il a été relativement faible, de l'ordre de 4 % seulement. Li Xunlei en vient à la conclusion qu'il ne serait pas réaliste de stimuler la croissance économique par des investissements dans les infrastructures en 2019.
Enfin, du côté du commerce extérieur, Li Xunlei constate (contrairement à notre premier analyste) une faiblesse générale des exportations en 2019 liée à l’accroissement des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. En résumé, au cours du premier semestre de l'année, chacun des trois vecteurs de la "troïka" a connu un essoufflement. Par conséquent, si le ralentissement économique actuel n'est pas majeur, il peut être porteur d’une tendance constante à la baisse.
Face à ces défis, Li Xunlei conseille de se concentrer sur la résolution des problèmes structurels, en augmentant par exemple la part des dépenses publiques allouées à la sécurité sociale. L'augmentation des fonds de sécurité sociale renforcerait la confiance des consommateurs et, partant de là, les taux de consommation eux-mêmes. En matière de taxes et de redevances, Li Xunlei estime qu'il est nécessaire de réduire davantage les coûts de financement des petites et moyennes entreprises (PME) et de mettre en œuvre les politiques de soutien correspondantes. Selon lui, "plutôt de se contenter de déclamer des slogans, il faut des mesures concrètes" (而不是只是喊口号,需要有实际的举措).
Li Xunlei note qu'à terme, comme aux États-Unis ou au Japon, l'économie chinoise sera tirée par la consommation. Or la principale force de la consommation chinoise réside dans la classe moyenne et les catégories à faibles revenus, qui croissent actuellement plus lentement que la classe moyenne supérieure. En conséquence, l’analyste recommande d’abord de réduire le niveau des taux d'intérêt, afin que les PME puissent réduire leurs coûts de financement, ce qui augmenterait en retour l'emploi et les revenus des catégories à revenus moyens et faibles.
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