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21/01/2016

Gaz de schiste : oui mais pas chez nous !

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Gaz de schiste : oui mais pas chez nous !
 Marc-Antoine Authier
Auteur
Chargé d'études - Energie, Développement durable

Depuis 40 ans, aucun méthanier n'a quitté les côtes américaines pour exporter la production nationale de gaz. Jusqu'à aujourd'hui, le gaz était en effet considéré comme ressource stratégique par la Maison Blanche, et donc réservé au marché domestique, depuis le choc pétrolier de 1973 et la forte hausse du prix du pétrole. Cependant,  au milieu des années 2000, le gaz de schiste a fait son apparition dans le mix énergétique américain et la production gazière est rapidement devenue excédentaire, à tel point que le gouvernement vient de rétablir  l'autorisation d'exporter. Les méthaniers peuvent donc reprendre la mer.

L’Europe est la destination privilégiée de ces exportations. Et pour cause : le prix spot*, soit le prix basé sur les transactions actuelles et non déterminés par des contrats de long terme, est deux fois supérieur sur le Vieux Continent. Son niveau structurellement inférieur outre-Atlantique est dû à l’absence de coûts de liquéfaction, de transport et de regazéification dans la chaîne d’approvisionnement. Ainsi, tant que l’Europe importera du gaz en provenance des Etats-Unis, les prix de cette ressource seront deux à trois supérieurs à ceux que pourraient offrir une production nationale.

Dans son rapport Gaz de schiste : comment avancer, l’Institut Montaigne propose d’envisager les opportunités liées à l’exploitation du gaz de schiste en France. En effet, le statu quo n’est pas une option de politique énergétique, puisque cette ressource est déjà une réalité au niveau international. Sur le plan économique, cela revient à se priver d’une précieuse ressource nationale qui permettrait d’améliorer notre balance commerciale. Sur le plan environnemental, cela permet une moindre dépendance au pétrole et donc une baisse de nos émissions de CO2. Pourtant, le Tribunal Administratif de Cergy-Pontoise a récemment confirmé l’abrogation des permis d’exploitation du gaz de schiste. Il est donc peu probable que la France avance sur le sujet. Paradoxalement, il est fort possible qu’elle importe du gaz de schiste en provenance des Etats-Unis.

En économie du gaz, on oppose l’achat du gaz sur le marché à terme, ou forward (contrats de long terme avec des clauses d’indexation du gaz sur le pétrole), ou sur le marché au comptant, ou spot (où le pétrole n’est plus le principal substitut du gaz). On distingue ainsi respectivement le prix forward du prix spot, lequel correspond au prix d’une marchandise pour une livraison immédiate : le prix est alors basé sur les transactions actuelles.

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