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12/05/2015

En finir avec les idées fausses sur l'apprentissage

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En finir avec les idées fausses sur l'apprentissage
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Auteur de L'apprentissage, un vaccin contre le chômage des jeunes, Bertrand Martinot déconstruit six préjugés et idées reçues trop souvent véhiculés sur l'apprentissage. A découvrir en exclusivité sur ce blog. 

Cessons de comparer les systèmes d’apprentissage allemand et français car ils sont trop différents.

Il est toujours tentant, par facilité ou par ignorance, de ne pas se comparer à notre voisin et principal partenaire économique et d’en appeler aux différences "culturelles" ! Pourtant, lorsqu’on parle d’apprentissage, on s’aperçoit que les sujets aussi objectifs que l’organisation administrative, le pilotage de cette politique, le coût du travail, le contenu des études, la place relative des partenaires sociaux et de l’éducation nationale, etc. On ne voit vraiment pas pourquoi ces éléments ne pourraient pas être comparés qualitativement et quantitativement. Et il n’y a pas de raison valable pour qu’une partie de ce qui marche mieux en Allemagne ne pourrait pas inspirer des réformes en France.


L’apprentissage, c’est pour les nuls


C’est en effet l’image véhiculée en France parce que l’orientation vers l’apprentissage est, pour l’Éducation nationale, une voie par défaut. Pourtant la réalité est tout autre puisque l’insertion en emploi des jeunes passés par l’apprentissage est beaucoup plus facile, à diplôme donné, à ceux passés par la voie scolaire, sans compter ceux, tellement nombreux, qui sortent du système éducatif sans aucun diplôme ou qualification. L’Allemagne l’a bien compris, qui a fait de l’apprentissage la voie unique d’accès à la plupart des métiers de niveau bac. Ainsi, un vendeur, un commercial dans une entreprise, un programmeur, un technicien de laboratoire, un employé de banque, un fleuriste, un mécanicien, un électricien est forcément passé par l’apprentissage en Allemagne. Tous ces jeunes n’ont pas l’air particulièrement "nuls" ! Et leur avenir professionnel est assuré.

L’apprentissage ne se développe pas en France par manque de moyens.


Comme souvent, en France, on met en avant la question des moyens. Pourtant, les dépenses consacrées à l’apprentissage ont progressé de 56 % de 2004 à 2012, alors même que le nombre d’apprentis a très peu augmenté. L’argent public que la France consacre à chaque apprenti par an est trois fois supérieur à l’Allemagne. En outre, le développement de l’apprentissage supposerait certes plus de moyens, mais ils pourraient être facilement trouvés par les économies résultant de la diminution concomitante des élèves en lycée professionnel (dont la formation est plus coûteuse pour les finances publiques). En réalité, les véritables verrous à l’apprentissage ne sont pas financiers, ce sont des questions d’organisation, de fonctionnement de l’Éducation nationale et d’insuffisante implication des entreprises et des partenaires sociaux.

C’est surtout dans le supérieur qu’il faut encourager le développement de l’apprentissage

Il n’y a aucune raison de freiner le développement de l’apprentissage dans le supérieur. Mais c’est au niveau bac et infra-bac que les effets de l’apprentissage sur l’insertion dans l’emploi par rapport à un cursus scolaire « classique » sont de loin les plus forts.  D’ailleurs, l’Allemagne a construit tout son système d’apprentissage au niveau du bac (équivalent français du bac professionnel), pas dans le supérieur !

Un apprenti coûte beaucoup plus cher à son entreprise d’accueil en France qu’en Allemagne


C’est le contraire ! La France, consacre trois fois plus d’argent public par apprenti que l’Allemagne pour abaisser le coût du travail des apprentis. Par exemple, les entreprises allemandes ne bénéficient d’aucune exonération de charges sociales. Il faut dire qu’en embauchant les apprentis pour 3 ans (contre une moyenne de 20 mois en France), elles ont beaucoup plus le temps de les « rentabiliser » par la production qu’ils effectuent.

Le système allemand est totalement décentralisé, contrairement à la France


En Allemagne, la décentralisation est en effet très forte (Etat fédéral). Mais le système n’exclut pas une animation et une coordination nationale de la part de l’Etat ainsi qu’un rôle beaucoup plus fort des partenaires sociaux dans le fonctionnement du système, notamment les référentiels de diplôme. En France, le système est théoriquement plus centralisé. Mais en réalité, il est d’ores et déjà assez décentralisé aux régions. Les partenaires sociaux pèsent très peu dans le dispositif. Quant à l’Etat, il ne pilote pas grand-chose au niveau central, malgré l’existence d’un ministère de l’Education nationale inconnu en Allemagne.


Consulter l'étude L’apprentissage, un vaccin contre le chômage des jeunes

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