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Le recours à l’apprentissage est en chute libre depuis plusieurs années. Il s’agit pourtant d’un levier incontournable pour favoriser un accès durable à l’emploi, comme le montre l’exemple de l’Allemagne : seuls 8 % des jeunes y sont au chômage et 16 % sont en apprentissage (contre respectivement 25 % et 5 % en France). 

Au-delà des constats bien connus – différences culturelles fortes et organisations des systèmes éducatifs distinctes – l’Allemagne présente un cadre législatif, juridique et financier plus clair et plus stable qui valorise réellement cette formation et encourage le recrutement d’apprentis.

Cette étude analyse de façon inédite et en profondeur les systèmes allemands et français et formule des propositions pour conduire davantage de jeunes vers l’apprentissage, revaloriser cette voie et augmenter la capacité des entreprises à les accueillir et à les former dans les meilleures conditions.

Emploi des jeunes : il y a urgence !

Avec un jeune sur quatre au chômage (contre une personne sur dix 
pour l'ensemble de la population active), la situation française 
est particulièrement alarmante.
 

On le sait, l'apprentissage est l'une des pistes les plus fécondes pour favoriser l'accès à l'emploi des jeunes à qui il apporte un métier, des compétences et un savoir-être dans l'entreprise. Il est aussi un véritable outil de recrutement et de compétitivité pour les entreprises.

L'Allemagne, qui compte trois fois plus d'apprentis que la France, a su mettre en place un système de formation et d'insertion des jeunes dans l'emploi qui a fait ses preuves, même dans les périodes de fort chômage.

Pourquoi ne parvient-on pas, en France, à faire décoller l'apprentissage malgré des moyens financiers considérables et une mobilisation répétée des pouvoirs publics ? Peut-on s'inspirer du modèle allemand ?

Des solutions existent pour lutter contre ce fléau et faire baisser le chômage des jeunes comme l'ont montré de nombreux pays voisins, à commencer par l'Allemagne qui compte moins de 8 % de ses jeunes au chômage.

À l'occasion de la campagne présidentielle de 2017, l'Institut Montaigne s'associe à Terra Nova pour réaffirmer sa volonté de faire de l'apprentissage la voie normale de formation. Malgré de multiples déclarations d'intentions des décideurs publics, force est de constater que la situation n'a pas évolué, que le nombre d'apprentis non plus. Ainsi, si le nombre de nouveaux contrats d'apprentissage signés avait dépassé les 300 000 en 2012, il est retombé à environ 270 000 en 2015. Et le chômage de masse des jeunes, lui, subsiste.

Les difficultés qu'ils rencontrent pour s'insérer dans le marché du travail révèlent l'inefficacité des politiques menées jusqu'à présent. Dans la note Développer l'apprentissage : un enjeu pour la compétitivité, pour l'emploi et pour la justice sociale, Jean-Pierre Boisivon, professeur émérite à l'université Paris-Panthéon-Assas, et Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric, identifient les conditions indispensables à l'essor de ce dispositif en France et formulent six propositions concrètes qui pourront structurer l'action du prochain gouvernement en la matière.

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L'alternance : un outil au service de l'emploi des jeunes et de la compétitivité des entreprises

Alors même qu'il constitue un levier reconnu pour lutter contre le chômage des jeunes, l'apprentissage ne cesse de reculer en France : ainsi, le nombre d'entrées en apprentissage a baissé de 8 % en 2013 et de 3,2 % en 2014 et à peine 16 % des bacheliers de l'enseignement professionnel obtiennent leur diplôme par la voie de l'apprentissage.

Le taux de chômage varie pourtant du simple au double selon que le bac professionnel ait été obtenu en apprentissage (22,9 %) ou par voie scolaire (44,4 %); ce taux est également inférieur de 25 % lorsque le CAP ou le BEP est obtenu en apprentissage.

Les pays qui pratiquent fortement l'apprentissage connaissent d'ailleurs un faible taux de chômage des jeunes, comme le montrent les exemples suisse, allemand, autrichien ou encore danois.

La priorité pour l'Allemagne, qui va voir sa population de jeunes diminuer de 1,2 million entre 2011 et 2020, est de maintenir un flux élevé de jeunes qualifiés sachant s'adapter aux transformations économiques sur le marché du travail, ainsi que d'intégrer les nombreux jeunes d'origine étrangère. L'apprentissage est un excellent levier pour former les jeunes et assurer aux entreprises un recrutement de qualité au service de leur compétitivité.

Pour mieux comprendre comment l'Allemagne s'y était prise, nous avons demandé à Bertrand Martinot – l'un des plus fins connaisseurs des politiques d'emploi et de formation en France, auteur de Chômage : inverser la courbe (2013), Prix Turgot 2014 du meilleur livre d'économie financière – de réaliser une véritable « radioscopie » comparée de chacun des deux systèmes.

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Comment fonctionne le système allemand d'apprentissage ?

Source : « L'apprentissage, un vaccin contre le chômage des jeunes » 

Une voie incontournable pour accéder à + de 300 métiers

Tout d'abord, en Allemagne, l'apprentissage est une voie incontournable pour l'accès à la plupart des métiers d'employés et d'ouvriers qualifiés en Allemagne : il existe ainsi une liste de plus de 300 professions dont la formation initiale ne peut être accomplie que par la voie de l'apprentissage. 

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Des apprentis plus âgés, aux qualifications intermédiaires

L'Allemagne a de plus choisi de concentrer massivement l'apprentissage sur les qualifications intermédiaires : le niveau correspondant au bac professionnel français concentre 80 % des apprentis, alors qu'en France, la majorité des apprentis sont soit très faiblement qualifiés soit au contraire dans le supérieur (42 % des apprentis sont au niveau CAP et 31 % dans les niveaux supérieurs). 

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Des entreprises très impliquées, dans tous les secteurs 

Ensuite, les entreprises allemandes sont fortement impliquées, quels que soient leur taille et leur secteur d'activité, et y recourent largement comme pré-embauche, alors qu'en France, ce sont les TPE et, dans une moindre mesure les grandes entreprises, qui concentrent l'essentiel des effectifs d'apprentis.

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Un cadre juridique, financier et institutionnel clair et stable 

La loi fondatrice allemande de 1969 n'a été révisée qu'une seule fois, en 2005. La gouvernance est également plus claire et chaque acteur y a sa place : les Länder comme les partenaires sociaux occupent une place centrale tandis que le niveau central est concentré sur la remontée statistique et stratégique. Le service public de l'emploi est également très impliqué. La France présente en revanche un éclatement institutionnel extrême et des compétences qui se chevauchent.

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Un système de formation initiale différencié dès le secondaire 

Tandis que la France a opté dans les années 1970 pour le collège unique, l'Allemagne a conservé un système d'enseignement général éclaté. Celui-ci se compose schématiquement de trois types d'institutions scolaires, dont le choix est fait à 11-12 ans : 

  • • la Hauptschule : 22 % des élèves, d'une durée de 3 ans, elle consiste en un enseignement général allégé combiné à un enseignement technologique ; 
     
  • • la Realschule : 42 % des élèves, d'une durée de 4 ans, elle conduit le plus souvent à un enseignement professionnel ; 
     
  • • le Gymnasium : 36 % des élèves, il inclut les deux cycles de l'enseignement secondaire, équivalents respectifs des collèges et lycées d'enseignement général français.

Pour la définition des termes utilisés, vous pouvez vous référer au glossaire disponible dans notre étude.

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15 Propositions pour développer (vraiment) l'apprentissage en France

1
Gouvernance : chacun à sa place, pour un pilotage rationalisé et décentralisé
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2
Faciliter l'accès des jeunes à l'apprentissage
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3
Faire de l'apprentissage la voie de droit commun de la préparation à la plupart des diplômes de l'enseignement professionnel secondaire
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4
Faciliter l'engagement des entreprises en faveur de l'apprentissage
Détails
5
S'engager autour d'un Pacte national pour l'apprentissage
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